La première fois... que j'ai vu un nanar

Publié le par Corbeau Moqueur

J’appellerai presque ça une mise en abîme

J’appellerai presque ça une mise en abîme

J'ai pas mis beaucoup de temps à le retrouver celui-là. Je dois dire que j'aurai bien voulu citer aussi Les 4 Fantastiques et le Surfeur d'Argent, mais il était beaucoup trop mauvais et absolument pas sympathique pour oser porter l'étiquette de "nanar." Non mon premier nanar c'était un truc sacrément osef et patriotique dont la suite est belle et bien présente sur le blog. Independence Day, ouais, c'était un film dont la B.A. présente sur plusieurs VHS me vendait du rêve à moi, jeune angélique encore immaculé et vierge de tout pêché (si l'on met de côté la VHS portant le virus de La Guerre des étoiles cachée dans un tiroir du salon). Alors oui, j'ai tanné le père du logis pour pouvoir ne serait-ce qu'apercevoir furtivement une grosse soucoupe dégommer le QG du monde à savoir : la Maison Blanche.

Parce que oui, Independence Day est un énorme nanar où le fond véhicule une idéologie nombriliste absolument fascinante sur les Etats-Unis. Le scénario, pas plus con qu'un autre sorti d'ailleurs la même année (mais lui les deux pieds dans la parodie) est parsemé de dialogues débiles, de scènes prodigieuses et de personnages caricaturaux, mais l'ensemble est pris avec un tel sérieux que s'en est tout bonnement hallucinant. Et si pour vous l'élection de Donald Trump reste une fumeuse pantalonnade, sachez que ce film a beaucoup plu aux américains (comme c'est étonnant) et nulle doute que nombre de chaumières de l'Oncle Sam doivent, depuis 2016, organiser des soirées marathon avec Armageddon, 2012 et bien sûr les deux volets de cette magnifique saga. Étonnamment le reste du monde a moyennement aimé, c'est curieux et plus encore le sont ces propos tenus par le réalisateur dans le magazine Les Années Laser (n°106 pour les intéressés).

Permettez-moi de vous révéler ce que personne au monde n'a perçu : Independance Day était un film 100% ironique. Les Américains l'ont pris au premier degré, et ils l'ont trouvé formidable ; les Français l'ont pris au premier degré, et ils l'ont trouvé grotesque... Mais aucun spectateur ni journaliste ne l'a abordé au second degré et n'a par conséquent senti que je me moquais ouvertement de l'Amérique.

Roland Emmerich

Mais comme j'étais jeune et stupide, j'ose dire que ce film (que j'ai longtemps beaucoup aimé et que je regarde maintenant avec un regard nostalgique hautement revêche) ne compte pas (oh ça va, il n'y a pas que Roland Emmerich qui a le droit de faire des pirouettes pour donner le change). Non parce que j'en est vraiment un autre, qui a été le premier à me faire prendre conscience de ce qu'est un nanar, un vrai et c'est (ce sont) Les Dents de la Mer 3. J'aurais bien sûr pu prendre le quatrième volet, très fier de son requin gonflable à la zipette apparente, pourtant bourré comme un coing et nageant comme un camion. Quatrième volet qui possédait quand même dans son casting un certain Michael Caine (mais bizarrement très discret, d'ailleurs l'acteur use un peu trop de la verve de son bon ami Alois Alzeihmer pour le sortir d'épineuses questions sur le sujet), livrant l'une des plus mauvaises prestations de sa carrière.

Pourtant je persiste à penser et à dire que le troisième volet est sans nulle doute le plus ridicule de la saga, ne serait-ce déjà pour sa 3D hideuse (le film ne s'appelait pas Jaws 3D pour rien) et ses acteurs  constamment ahuris. Réalisé par le chef décorateur du premier opus, Jaws 3 ressemble pourtant à un énorme crachat sirupeux au film de Spielberg. La logique est un peu la même que pour Harry Potter 3, mais sans Alfonson Cuaron : OK les gars, Amity y en marre, on vire tout et cap pour la Floride. On prend un parc aquatique, des ados, une romance et... ah oui, un requin... non, non, deux requins, un petit et un gros... et puis on utiliser de la 3D. Je suis Joe Alves, je fais ce que je veux. 

Que dire devant ces ados joués par des acteurs de 30 ans, doublés au mieux d'une manière mélodramatique impénétrable et que penser de cette scène d'éclaboussure bon enfant ponctuée de Oh non, ils nous ont arrosé doublé par les vocalistes français sans doute en train de commander des pizzas ? Devrait-on revenir sur les invraisemblances indiquant pourtant de manière parfaitement scientifique qu'un requin peut "rugir" sous l'eau et nager à reculons ? Non je crois que cela ne sera pas nécessaire, Jaws 3 c'est on prend le même titre que les précédents tout en en ayant pas plus à cirer que son dernier slip. Si ce n'est pour la fin, où là comme il est coutume dans la saga il faut terminer par une explosion qui claque et... héhey à vous de juger :

Ça c'est de la 3D bien intégrée madame et ça c'est un requin en bois aussi.

Que de souvenirs (et de fous rires), c'est à peu près à cette époque (que je ne préciserai pas, non n'insistez pas, c'était juste bien plus tard qu'Independence Day) que j'ai découvert aussi Nanarlandtout est lié et la boucle est bouclée c'est magnifique.

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