Stephen King Time 2/2 : Gerald's Game (Jessie)

Publié le par Corbeau Moqueur

Oh ma douce, moi qui ne puis être un saint, je vais mourir entre les tiens.

Oh ma douce, moi qui ne puis être un saint, je vais mourir entre les tiens.

Hum un petit weekend ressourçant pour un couple carburant au viagra. Un chien, puis une séance coquine aux intonations sensuelles dans une résidence secondaire, bordée par la mer et les rayons lunaires. Le drame étant, l'arrêt cardiaque pour le sadique et la claustration par les menottes de la mollasse. Une silhouette louche au clair de lune, pour un festin nécrophagique d'un chien sauvage. Je lève mon verre à Flanagan pour ce thriller cryogénique et gerbe mes tripes sur l'extralucide Monsieur Blacktide.

D'une éclipse à l'aura cauchemardesque, se menotter au silence et s'arracher d'un rayon de lune: viagra d'angoisse pour mise à nu onirique. [????]

Blacktide... aka la cinéphilie sous LSD

2017 devrait s'appeler l'année Stephen King, tant le romancier est mis à l'honneur à tout bout de champs. Gerald's Game (ou Jessie chez nous), adaptation du roman du même nom, sorti en 1992 mais dont le succès a subjugué le Publishers Weekly et assujetti l'année citée, Mike Flanagan s'est vu attribué l'honneur d'adapter le bouquin cette année. Et si le synopsis de base sous-tend un huis clôt rebâché, ce n'est dans la pratique pas le cas, puisqu'il s'agit ici d'un thriller psychologique aux intonations fantastiques. Moi qui m'attendais à me barbifier plantureusement comme devant Gravity, j'ai en fait vraiment apprécié. Je n'ai pas lu le livre, juste survoler l'intrigue en diagonale (sans lire la chute), aussi les nombreux trilogues avec les hallucinations font sens et la présence fantasmagorique du "Moonlight Man" aussi.

Quoi qu'il en soit pour les personnes qui ne veulent pas trop chercher à savoir où s'arrête le thriller psychologique et où commence le fantastique, il va falloir faire une croix sur l'adaptation au risque de se tripoter la nouille rêveusement. Au final on retrouve l'un des personnages types de l'univers du romancier : à savoir la femme psychologiquement meurtrie par son père, mais qui épouse un homme lui ressemblant en tout point (Beverly dans It entre exactement dans cette catégorie aussi). La morale de l'histoire étant que cette petite "mésaventure" lui a finalement permis de surmonter son traumatisme... mais tout à un prix.

A part une scène assez hardcore, le film est apparemment plus soft que le bouquin. Au demeurant, il contient bon nombre de scènes et de dialogues très déplaisants moralement et très malaisants durant le visionnage (un père et sa fille dans une chambre parlant viol et dissimulation, ou le charme pittoresque d'un père aimant envers sa petite fille geignante). Finalement comme les personnages dans les films de Flanagan ont tendance à avoir des comportements assez inexplicables (mais tellement hypnotiques), The Gerald's Game est un peu du sur-mesure pour le cinéaste et c'est sans doute d'ailleurs pour cette raison qu'il est réussi.

Pas pour cette seule raison cependant, car tout bon thriller psychologique qui se respecte se doit d'avoir des acteurs de qualité. Ici Carla Gugino fait Jessie et Bruce Greenwood à la silhouette étonnement athlétique pour son âge, incarne James Gérald. Et force est de constater qu'ils s'en tirent tous deux avec plus que des honneurs. Les autres membres du casting sont bien entendu très effacés (logique venant d'un huis clos) pour laisser toute la gloire et le prestige au macchabée halluciné et l'épouse désespérée... ainsi qu'à la présence fort déplaisante de Carel Struycken dont le maquillage et l'existence même de son personnage, sont la preuve irréfutable qu'aucun Dieu n'a la capacité de chier des galaxies et de façonner des être vivants sans être sérieusement arraché.

Ambiance minimaliste au profit d'une atmosphère oppressante, la bande-son s'avère très discrète laissant la part belle aux silences (inventés diront certains par Gravity) et aux bruits blancs. Voilà je suppose une bonne adaptation et même si ce n'est pas le cas, un bon thriller psychologique survivaliste. Le visionnage de ce film vous est bien plus conseillé que 1922 et le conseil du scribe actuel, de ne pas chercher midi à quatorze heures un sens intellectuel au métrage ou l'actuelle signification du style halluciné du présent article qui me surprend moi-même.

Oh Bever... Jessie, même mort je m'inquiète pour toi, ma petite souris.
Oh Bever... Jessie, même mort je m'inquiète pour toi, ma petite souris.

Oh Bever... Jessie, même mort je m'inquiète pour toi, ma petite souris.

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