Des suites en pagaille

Publié le par Mocking Crow

Des suites en pagaille

Moi qui disais en Juin que j'allais être plus régulier dans mes publications, c'était sans compter sans mes deux semaines de vacances à l'étranger loin des univers cinématographique et informatique. Mais je vois malgré tout que les internautes n'ont pas déserté le blog, merci donc de continuer d'y jeter un oeil. Donc pour rattraper mon retard sur toutes les sorties, je m'attaque aux nombreuses suites sorties le mois dernier, ce qui fait non pas un ou deux films, mais quatre films. Ceci étant Le monde de Dory n'en fait pas partie parce que ça remonte à trop loin, les seules choses que je peux dire sur ce film sont qu'il est bien, mais en-deça du premier épisode, la surprise étant passée et les gags sont beaucoup moins réussis, sans compter que le grand final se transforme en n'importe quoi. 

Des suites en pagaille

On commence par une bonne suite, Conjuring 2 sorti il y a un baille et visionné pour ma part deux jours après sa sortie. Le premier opus était un film d'horreur extrèmement réussi et anxiogène à souhait, réalisé par James Wan (mon réalisateur préféré en matière de cinéma d'horreur). Bonne nouvelle ce second volet est également réalisé par ses soins et se révèle tout aussi horrifique. Néanmoins, malgré les bonnes critiques il est moins bon que le premier et ce n'est pas la faute des nombreux débordements propres aux films d'horreur attendus (ça me rappel The visit et Paranormal activity 5). Durant ma séance le premier rang a essayé de mettre l'ambiance et s'est aussi sec fait rappeler à l'ordre avant même le début du film.

Non le film est moins réussi parce qu'il surprend moins, détend l'atmosphère par certaines situations plus ou moins utiles (les policiers et la guitare) et par l'usage d'effets numériques rappelant plus Insidious que Conjuring (même si la créature rappelant le Babadook est bien fichue). Par ailleurs le film est trop long : 2h15 ! A mon sens une telle durée était un très bon point, sauf que c'est effectivement très long et ça a engendré un certain nombre de scènes de meublage. Par contre, l'ambiance est toujours aussi réussie, au même titre que les plans et les jumpscares toujours sympas (le réalisateur adore les décaler légérement pour prendre son public à contrepied).

Autre point, les personnages. Si vous voulez passer une bonne séance, allez voir ce film en VO, primo les chieurs seront absents et deuxio ça vous épargnera le doublage désopilant des chiards. Même si le film est basé sur des faits réels (Amytiville et Enfield), les personnages des Warren perdent en sérieux ce qu'ils gagnent en fiction et l'arrivée de la nonne antéchrist n'y est pas pour rien. Les acteurs jouent bien et ce qui ressemble à des clichés est habilement détourné au fil du métrage. En fait même en pinaillant, j'ai pas grand chose à enlever à ce film qui est une vraie réussite et vaut le détour ; malgré tout le un est meilleur, en particulier par son rythme et son ambiance plus poignante.

Même si j'ai récemment appris que la nonne démoniaque aura le droit à son spin-off, j'attends un autre film d'horreur qui s'annonce prometteur, plus court et qui va sortir (malheureusement) fin aout : Dans le noir (ou Lights out). Franchement regardez la bande-annonce, ça a l'air vraiment sympa, par contre comme c'est basé sur un court-métrage j'espère que l'intrigue ne va pas tourner en rond.

Le court-métrage qui a posé les bases du film

Harry Potter et la centrifugeuse magique

Harry Potter et la centrifugeuse magique

Dans le genre quand il y en a plus, vraiment plus, celui là est le parfait exemple de la suite pour faire du pognon. Pour ceux ou celles qui ne connaissent pas, le premier Insaisissables se rapprochait d'un Ocean 11 à la sauce magique, qui à défaut d'être crédible, se révélait très divertissant (l'intrigue menée tambour battant permettait de passer outre les situations hautement improbables du film). En dépit d'un souci de réalisme du réalisateur, la "magie" était quant à elle surtout de la sorcellerie numérique (c'est la magie du cinéma), usant d'effets spéciaux, de mesmérisme à la professeur X et rapprochant la misdirection d'un épisode de Kuroko no Basket. Le film se suffisait à lui seul et pourtant ils en ont fait une suite et que vaut-elle ?

En terme de suite c'est mauvais et en matière de qualité cinématographique c'est très moyen, tant l'intrigue est inutilement alambiquée, la cohésion de l'ensemble imbuvable et la recette épuisée jusqu'au moindre grain de sel. Et pourquoi ça ? En premier lieu le scénario, collé avec des bouts de sparadraps pour essayer d'apporter une vague cohérence à un film dont on aurait pu se passer. Le premier film était déjà assez sur-fait, mais celui-ci a touché le jackpot en la matière tant les techniques pour réaliser "l'incroyable braquage" du slogan sont justes hallucinantes et la créativité est submergée par l'absurdité.

Les retournements de situation s'enchaînent, Morgan Freeman changent deux fois de camp, les bastons sont toujours aussi confuses (celle du marché chinois est exaspérante), les travelling circulaires utilisés à tort et à travers foutent toujours le tourni et la dernière demi-heure se transforme en grand n'importe quoi (je comprenais même plus les intentions des personnages). Les personnages justement sont aussi la cause du naufrage, notamment le personnage de Mark Ruffalo, qui loin d'avoir retenu les leçons du premier se transforme en policier arriéré et en civil perpétuellement à la ramasse. Jesse Eisenberg cabotine toujours autant (il fait du Jesse Eisenberge quoi), Sam le pirate est fidèle à lui-même, la nouvelle venue (Lizzy Caplan) est particulièrement mal amenée et Dave Franco compte beaucoup trop sur la notoriété de son frère et son physique photogénique pour se permettre de tirer une tronche d'ahuri durant un bon tiers du métrage.

Special guest : Jean Paul Rouve !

Special guest : Jean Paul Rouve !

Et puis il y a Daniel Radcliffe, dont le look et la barbe le rapproche davantage de Jean Paul Rouve des Tuche (la moumoute en moins), que d'un magnat sociopathe égocentrique aux complexes de grandeur prépondérant. Dommage parce que c'est lui le méchant et chacune de ses apparitions met à mal le sérieux du film. Que dire, que dire de plus, si ce n'est n'allez pas voir cet opus si vous avez vu le un, parce que ça va engendrer davantage d'incohérence entre les deux films et foutre la grouille dans vos agréables moments passer devant le seul et unique Insaisissables.

Après le nanar, le navet !

Après le nanar, le navet !

Independence Day, film réalisé par Roland Emmerich était un sympathique nanar sorti en 1996 (répertorié sur Nanarland), qui faisait parti de mes films préférés quand j'étais gosse, parce que j'étais trop con pour percevoir le message hautement idéologiste américain cousu dans le scénario. Alors quand j'ai su que le même réalisateur allait faire une suite, avec le même casting, à notre époque, j'avais juste envie de voir où le ridicule pouvait mener. En toute honnêteté, j'ai été le voir en VO, pour Jeff Goldblum (que j'ai pas revu depuis un bon moment) pour entendre ses "hum" si hum caractéristiques. Dommage il en fait pratiquement pas, par contre on au maxi best-of de clichés nationalistes hollywoodiens en un seul film, du grand art.

Roland Emmerich a toujours été un gros bourrin dans sa mise en scène et a toujours laissé passer une idéologie très we are the champions dans ses films (genre Le jour d'après, 2012, White House Down) et ce film ne déroge pas à la tradition. Le scénario est digne d'une série B (les méchants reviennent agreuh grr, mais ils ont aussi des ennemis), les dialogues sont d'une crétinerie hallucinante (matinés lourdement de second degré), les personnages clichés au possible et la bande-son pompeuse. Par contre il a repris quasiment tous le casting du premier (ce qui est louable) et les effets spéciaux sont toujours aussi clean. Mais, le monde est encore sous la domination américaine.

Roland, Roland, Roland, c'est pas parce que tu mets une chinoise, deux-trois nord-africains et un noir (qui nous dédie des discours bien clicheton, à l'éthique irréprochable : le meilleur moyen de tuer quelqu'un c'est par derrière), que ça y est le monde entier est uni et combat ensemble l'envahisseur. Non, là encore c'est l'amérique qui commande : des aliens arrivent, mais on est pas sûr que ce soient nos ennemis, pwah pwah pwah n'importe ! L'amérique les fait péter, en se concertant à peine avec l'ONU (4 représentant pour simuler un vague vote majoritaire). Les bastons font intervenir de valeureux américains, aux Etats-Unis, prêts à sacrifier leur vie, tandis que ces couards d'européens clamsent tous (ceci étant ils ont épargné la tour Eiffel). La présence de Charlotte Gainsbourg dans le casting ne va pas davantage faire retentir le chant du coq, tant son personnage est vide. D'ailleurs, comme dans tous les films du réalisateur, il y a un sidekick lourdingue comique en la personne d'un fonctionnaire (un agent fiscal ou un greffier je sais plus), qui va devenir tour à tour, éclaireur, scientifique et soldat de choc.

Le final est le summum de la crétinerie hollywoodienne enchaînant des morceaux de bravoure et des situations inmanquablement risibles avec courage. Au moins, le réalisateur assume jusqu'au bout son délire, par contre et c'est ce qui transforme le film en navet, tout manque cruellement d'identité. Beaucoup de situations sentent le resucées et une foule d'idées ont été piquées dans d'autres films, ce qui fait qu'en plus d'être prévisible, c'est chiant et ça manque de rythme. Le pire étant que ça se conclue sur un cliffhanger bien agressif, servi par le personnage le plus déjanté du film (qui semble prendre son pied) annonçant une suite où ça va dégommer de l'alien (une phrase qui résume à elle seule tout le film). Allez le voir ? Non, même si vous avez du temps à perdre ; allez plutôt voir Suicide Squad demain, ce sera forcément mieux.

Une recette qui commence à s'épuiser ?

Une recette qui commence à s'épuiser ?

Franchement l'âge de glace ça remonte à loin maintenant que j'y pense et ça me rajeunit pas, par contre c'est une saga qui a toujours bien marché et a su renouvellé ses idées efficacement... jusqu'à cet opus. Dans les lois de l'univers, on sent que la machine a donné tout ce qu'elle avait et commence à se déregler. Les blagues sont beaucoup plus terre-à-terre que par le passé et les situations de plus en plus convenues. Un peu comme Conjuring l'effet de surprise a disparu et si c'est un plaisir de revoir Scrat réinventer le monde, on attendais un peu plus de vigueur dans le rythme et des méchants... plus classes (trois pigeons du cétacés, non merci).

En fait, l'intrigue n'est pas spécialement intéressante (le monde va péter, mais grâce à la loi de Murphy rien n'est perdue) et part dans tous les sens sans vraiment avoir quelque chose à offrir. Par ailleurs, les dialogues manquent cruellement de profondeur s'interrogeant davantage sur la vie de couple et déversant des gags cool, djeuns et finalement arriérés comparativment aux opus précédents (au passage je n'ai pas vu le trois). Le fait aussi d'avoir multiplié les personnages n'aident pas, dans la mesure où certains sont totalement étouffés (les deux tigres) et d'autres... trop souvent présents (les mammouths, heureusement la réparti de Manny (et de Gérard Lanvin) sauve les meubles). Finalement les six apparitions de Scrat restent encore et toujours les meilleurs moments du film.

Un autre point concerne la bande-son, qui manque cruellement d'identité. En prêtant l'oreille on perçoit le soin apporté à tous les motifs, mais pour ce qui est du thème, s'il y en a un, je l'ai complètement oublié. Maintenant deux options sont possibles pour la saga, soit cet opus est le dernier (comme annoncé), soit les studios Blue Sky ont encore une botte secrète et vont tenter un dernier métrage, mais une chose est sûre mieux arrêter la saga tant qu'il est encore tant.

Sans doute l'un des meilleur passage du film

Maintenant fini les suites et place aux nouveaux trucs avec en tête de liste Suicide Squad, le DC encore plus attendu que BvS, que je vais voir ce soir (en VO). L'article le concernant arrivera demain... normalement.
 

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Des suites en pagaille du Corbeau Moqueur est mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.

Publié dans Films, le coffre à bobines

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