Thor Ragnarok (Promizoulin !)

Tout commence à Muspellheim où Thor met une volée à Surtur comme un gros bourrin qu'il est, puis il revient à Asgard et dans son infini sagesse humilie publiquement Locki qui n'avait rien à foutre ici et part sur la Terre avec celui-ci pour retrouver Odin. Le temps d'un caméo inutile de Docteur Strange et c'est chose faite. Puis après apparaît sa soeur, la déesse de la mort qui casse son gros gourdin et puis il y a de la baston, de l'action et grr bwah Hulk tout casser ! Goldblum, hum, hum, fracasser, anus de Satan et lasers qui font piou piou, rien à faire du scénar, tout casser, graaah.

C'est quand même amusant de constater que Thor est sans doute l'un des héros les plus ridicules de l'univers Marvel (parmi les plus connus j'entends). Une tenue viking improbable et passablement ridicule en comics, ancrée qui plus est dans une mythologie nordique passablement dans les cordes, il y avait quand même franchement de quoi se craquer lors du passage au grand écran. Jusqu'à présent pourtant, il a eu droit aux meilleurs films, le deuxième était d'ailleurs particulièrement stimulant. Sauf que ce coup-ci c'est un petit peu too much, c'est à se demander si depuis les Gardiens de la Galaxie 2 et plus récemment Spider-Man Homecoming, Marvel s'est totalement déconnecté de la réalité pour basculer dans un trip cartoon, parce que pour ce Thor là c'est la définition même du mot "réalité" qui est remise en cause.

En même temps, les trailers annonçaient la couleur

Oscillant entre le kitsch le plus agressif, le comics non sensique et le psychédélique le plus décérébré, il y a encore quelques années ce Thor 3 aurait rejoint le panier de Flash Gordon, cet horrible nanar sur-estimé par la galaxie entière (trop chiant, trop bateau et trop nul tout simplement). Preuve que le monde change ce film est ovationné. Mais là... même si j'adore ce genre de films bourrins complètement surréalistes qui se prend pas la tête... là, ça va trop loin et pour cause il cumule les défauts des deux derniers Marvel en date. Certes les effets spéciaux et la nouvelle bande-son déboîtent, mais c'est un peu ledge comparativement à ce qui se passe à l'écran.

Là encore ça commence quasiment par une blague et des gags sacrément éculés (je suis suspendu à ma chaîne, laisse moi tourner toute les 20 secondes et après on parle) et ça se termine par une plaisanterie, réussie certes, mais une plaisanterie de trop... c'est sans compter sur les deux scènes du génériques, la première teasant la suite (avec quand même une blague dedans) et la seconde totalement fumeuse avec Jeff Goldblum. Le problème c'est que cet humour est omniprésent, tantôt ce sont des exclamations frénétiques (Ouais on les a eu, Ouaaais, j'ai entendu orgie ?! Bwaaah !) souvent ce sont des personnages abscons (dont Stan Lee en coiffeur démoniaque) et toujours ce sont des scènes ineptes ! Le climax étant atteint lors de la longue scène de la fuite/évasion de la planète de tarés en passant par "l'anus de Satan", où là le réalisateur a décidé de tout cumuler en 10 bonnes minutes bien tapées.

Un super-héros c'est aussi une mythologie diront certains et là c'est n'importe quoi. Alors oui, il y a le Ragnarök (où normalement la majorité des divinités devraient casser leur pipe), mais version psychédélique à la croisée de Starcrash et de Tron, où le budget visiblement faramineux du film tend à nous faire oublier le les ficelles nanardesques du scénario (dégoulinant de fan-service, j'en veux pour preuve la petite grosse qui braillait des trucs sur Thanos à son amie située à l'autre bout de la salle en fin de séance) et l'univers foncièrement arriéré qui se développe. Tout n'est que gag, d'une simple vitre au plus gros slip du monde, sans compter la présence écrasante de l'incroyable Hulk et celle aberrante du docteur Banner (bourré de tocs et d'une stupidité à peine consommer).

Et pourtant certains passages ont une bonne patte artistique

Le choc des titans

Mais un film d'action pareil, ce n'est rien sans un casting d'exception et la figure qui en ressort le plus n'est certainement pas Chris Hemsworth (qui a perdu toute l'intelligence qu'il semblait avoir gagner dans le deuxième volet), ni Tom Hiddleston (qui la fait à l'envers à tout le monde encore et toujours), pas plus que Cate Blanchett (à la couronne hallucinatoire du Bambi-verse) ou Mark Ruffalo, mais bel et bien Jeff Goldblum, lequel reprend son traditionnel rôle d'excentrique mais grimé en tyran intergalactique aux accès holographiques shakespearien du plus bel effet. Cerise sur le gâteau, il renoue aussi avec ses petits "hum" qui n'ont quitté sa carrière que pour Independence Day 2 (un grand cru de l'année 2016).

Et ça tabasse à n'en plus finir et alors même que le final vire à une reprise surréaliste de Street of Rage sur le Bifrost, que Thor colle plus de marrons qu'un châtaignier n'en a et que les méchants sont tous plus pressés les uns que les autres de se faire étendre par des héros hilares ; le spectateur un rien censé se demandera le sourire en coin, jusqu'où la folie Marvel sera-t-elle prête à aller et si finalement le quatrième troisième Avengers se réduira à une space operette sans foi ni loi pour la santé mentale déclinante de ses fans de la première heure...