Morgane (platitude absolue)

Publié le par Corbeau Moqueur

Morgane (platitude absolue)

On dirait Splice. C'est à peu près comme ça que je résumerait ce thriller fantastique en manque d'ambition. du troisième fils de Ridley Scott : Luke Scott. Pour un premier long-métrage c'est bien tenté, mais ça manque cruellement d'originalité, de temps et de rebondissements pour marquer les mémoires.

On suit l'enquête de Lee, une consultante terminator-ninja en gestion des risques, qu'on a très vite envie de claquer contre une porte, envoyée dans un lieu isolé et tenu secret (même si ça ressemble beaucoup aux Appalaches) afin d'évaluer le potentiel du dernier produit de sa société (laquelle, on s'en fout) : un humain génétiquement créé, Morgane. Cette dernière est littéralement élevée en captivité par une poignée de pseudo-scientifiques (qui tent malgré tout de lui inculquer l'altruisme et la joie de vivre) et en a eu récemment assez, au point de crever l'oeil d'une de ses gardiennes (qui souffre visiblement d'un syndrôme de Stockolm). L'objectif de Lee est simple : savoir si cette créature exceptionnelle (c'est répété à tour de bras dans le script) incarne les progrès du monde scientifique et un nouveau dans l'évolution de l'humanité, ou au contraire son nouveau prédateur...

La presse compare ce film à Ex Machina (2015)... c'est vrai qu'en substance les interrogations sont les mêmes, cependant la manière de les aborder est différente. Le sujet de l'IA c'est du vu et revu et ce film n'essaie en rien d'innover, puisque ça vire rapidement au slasher et la chasse à l'homme, donnant la part belle aux deux actrices principales : Kate Mara et Anya Taylor-Joy. Les autres acteurs sont pratiquement réduits à de la figuration et leur contribution n'apporte finalement quasiment rien au contenu du film (si ce n'est des jets d'hémoglobines) et c'en est presque pénible quand on voit la présence de Toby Jones dans le casting. En fait ça m'a surtout rappelé Lazarus Effect, un gros navet horrifique au sens premier du terme, sorti l'an passé, qu'on aurait laborieusement croisé avec la très surestimée Lucy de Luc Besson (Cocorico) et une pointe de Splice (2009).

Ce qui manque surtout à ce film c'est du temps. Sa durée est d'1h28. J'ignore qu'elles étaient les intentions du réalisateur (et de la production) pour ce film, mais ce qui est sûr c'est qu'il est impossible de poser les bases d'une quelconque introspection avec une telle durée. J'aurai rien eu contre quelques explications et dialogues supplémentaires (quitte à nager dans le bullshit) avant de basculer dans le carnage. Par contre la photographie est nickel, la mise en scène est maîtrisée et à défaut d'être originale, évite de basculer dans les poncifs du genre.

En plus, et là ça m'a rappelé un peu Midnight Special, les explications arrivent au compte goutte, on ne sait rien sur l'organisation, les travaux de recherches effectués par le passé, la catastrophe d'Helsinki et c'est au spectateur de faire le lien entre ce que les personnages débitent et les éléments glanés au fil du métrage. C'est un bon point, parce qu'on évite du coup la présentation lourdinge du contexte et de longs soliloques nolanien (même si j'adore la production de Christopher Nolan) de personnages bons pour le casse pipe.

Dommage que suivant cette technique, le twist final soit très prévisible. Par ailleurs, tout n'est pas non plus très contrôlé, puisque la scène de l'évasion nous gratifie d'un superbe faux-raccord dans le cycle jour/nuit (on est en pleine nuit, je rentre 5 minutes et il fait grand jour). Les rares jumpscares sont téléphonés, de même que la plupart des dialogues et la bande-son atmosphérique n'a rien de mémorable. J'ai pas grand chose à rajouter, c'est pas mauvais, mais c'est pas non plus très bon, donc ça restera pas dans les mémoires, je me suis même emmerdé durant les 2/3 du film.

Publié dans le coffre à bobines, Films

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