Steve Jobs (Tarantino s'est mis au biopic)

Publié le par Mocking Crow

Steve Jobs (Tarantino s'est mis au biopic)

​Allez un biopic pour changer. Avec celui-ci on tente de nous faire croire une fois de plus combien Steve Jobs, le feu cofondateur  d'Apple, était un génie, beau et incroyablement visionnaire. Visionnaire, mes fesses oui, Tim Berners-Lee, Robert E. Kahn, Vint Cerf, Alan Turing, ça ce sont des visionnaires. Steve Jobs était un génie du marketing et a eu d'excellentes idées quant à l'interface et l'ergonomie, mais pour le reste il devait beaucoup à Steve Wozniak et à ses employés qui étaient d'une patience... monstrueuse. En fait ce film nous fait prendre conscience combien ce mec était surtout insupportable et incroyablement mégalo, on croirait voir Luffy de One Piece passé du côté obscur ! J'avais rien contre Steve Jobs au départ, mais maintenant c'est sûr je peux pas le sacquer, heureusement le Diable a eu pitié de mon âme puisqu'il est mort. Ceci étant, j'ai beau ne pas trop apprécier Apple et détester Steve Jobs, j'ai trouvé ce film excellent. Pour une fois les notes incroyables qu'a reçues ce film sont amplement méritées. Une construction narrative bien pensée, des dialogues bien sentis, une OST aboutie, une distribution et une direction d'acteurs irréprochables ; sans doute le meilleur biopic qu'il m'ait été donné de voir.

Vu en V.O. mais la V.F. semble tout aussi réussi

Centré intégralement sur les lancements des trois produits emblématiques de Steve Jobs (pas d'Apple, il a pas toujours été PDG), le film évite de nous faire une chronologie lourdingue sur ce type, qui nous aurait juste montré qu'il se sert aussi de son trou du cul pour s'asseoir sur la cuvette des toilettes et non uniquement sur la concurrence (Qui a dit Bill Gates ?). J'espère pour vous que vous aimez le blabla parce qu'il n'y a que ça et quand je dis que ça, c'est vraiment que ça. Ce parti pris aurait pu endormir toute la salle, s'il n'avait pas eu de tels acteurs et surtout des échanges aussi dynamiques, quasi tarantinesques. D'entrée de jeu, les protagonistes passent une plombe à déblatérer sur la synthèse vocale du Macintosh qui disjoncte, son système fermé et une chemise blanche, tandis que Michael Fassbender nous assène des discours sur la révolution de l'informatique, voire de l'Histoire si ces problèmes ne sont pas résolus. Résolutions frisant souvent l'illégalité d'ailleurs. C'est très énergique, non dénué d'humour et propice à des règlements de compte aux proportions hallucinantes, puisque pratiquement chaque dialogue tourne au vinaigre. Les situations sont soulignées par une très bonne B.O. mélangeant synthé et orchestre et intégrant même quelques thèmes épiques (Revenge). Il y a aussi un grain variable sur l'image rendant compte du temps passé entre les différentes étapes de la vie de Stevie.

Mais on doit aussi beaucoup aux acteurs, en particulier Michael Fassbender, (l'interprète de Steve Jobs) qui est au summum de son art. Si les deux hommes ne se ressemblent au fond que très peu, le maquillage et la coiffure ont réincarné le PDG. L'acteur incarne parfaitement le chef d'entreprise mégalo, vaniteux et asociale, mais il est également bien entouré. Avec Kate Winslet, Seth Rogen, Jeff Daniels ou encore Michael Sthlbarg (d'ordinaire relégué aux seconds rôles), la barre est haute. Dommage que ce soit pour servir la cause d'un PDG.

Oui le film est bon, même très bon (et à mes yeux excellent), il n'empêche qu'on parle avant tout d'un fu*** PDG ! C'est comme si on avait pressé la touche F5 pour actualiser le mythe de Steve Jobs, quoique sous un angle plus intime (le saligaud a renié sa fille durant 20 ans). Alors finalement à quand un film sur le PDG de free (la téléphonie a bien changé depuis son arrivée après tout), Coca-Cola, Samsung, Microsoft ou Carrefour (Norman je te salue) ? Après tout Georges Plassat n'a pas son pareil pour arnaquer les agriculteurs et ses clients en les incitant à s'optimismer avec ses pubs présentées comme un épisode de Touch. Franchement on peut adapter tout et n'importe quoi maintenant, je suis même pratiquement sûr qu'Hollywood serait prêt à adapter ma grand-mère si c'était rentable.

Licence Creative Commons
Steve Jobs tarantinesque du Mocking Crow est mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.

Voilà qui évitera de faire un film supplémentaire sur la question. De toute façon je préfère Ubuntu.

Publié dans le coffre à bobines, Films

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