Chair de Poule : le film (Stephen King m'a tout piqué)

Publié le par Mocking Crow

Chair de Poule : le film (Stephen King m'a tout piqué)

Il y a des choses avec lesquelles on ne plaisante pas, la question de l'existence de Dieu, l'égalité homme-femme, la cosmologie scientifique, la poésie serbe du XIIIème siècle et les romans de notre enfance. Et Chair de Poule en fait partie, le portefeuille de mes parents peut en témoigner. A la base c'est une série de bouquins "d'horreur" (techniquement 2 séries, mais l'édition française s'en contrefichait) publié entre 1992 et 2000, jusque là ça va, sauf que l'on dénombre 87 livres du même auteur (qui continue avec d'autres séries maintenant). Certes les livres n'excédent pas les 100 pages, mais tout de même les idées il faut les avoir et... c'est pas toujours les cas. Franchement qui a envie de lire Concentré de cerveau ? Ou La revanche des nains de jardin ? Les nanipabulophiles peut-être... Enfin bref, le niveau est assez inégal, en outre définir l'ensemble comme étant de l'horreur est un bien grand mot. J'en lisais en espérant avoir peur, mais il est impossible d'avoir peur devant un Chair de Poule. Certains procuraient un peu de frisson (Les épouvantails de minuit, qui m'est revenu en mémoire devant la Bande annonce de The Visit), mais dans l'ensemble c'est juste une série mêlant fantastique et boogeymen reprenant toujours la même structure : un(e) jeune héros(ïne) se retrouve confronté avec ses amis à un phénomène paranormal ou surnaturel et... en découle ce qui en découle : une histoire. Bon vous l'avez compris c'est en quelque sorte le roman de gare fantastique pour la jeunesse et personnellement j'aimais bien, même si je n'ai lu que ceux qui ont un titre bien clique à pute.

Il me semble que les romans se sont très bien vendus (le film ne cesse de nous le rappeler de toute manière) et la plupart se sont retrouvés adaptés dans la série télévisée du même nom, avec un ration de un épisode par livre. Si j'avais entendu parlé de cette série du temps où je les lisais, je crois que les je les aurai tous enquillés, parce que la série est plutôt bonne en fait. C'est très cheap, pas toujours bien interprété mais l'ambiance est sympa et les épisodes sont bien conçus. Bon après c'est clair que si on regarde ça maintenant, en tant qu'adulte ou ados, ça pique les yeux, surtout pour les effets spéciaux.

Au secours un singe velu nous attaque... en hors-champs... et avec des griffes en plastique.

Et voilà qu'on nous sort une adaptation de l'ensemble des livres de R.L. Stine (qui fait un caméo au passage) avec Jack Black dans le rôle de l'écrivain. Ou bien c'est génial, ou bien c'est un gros navet et verdict ? En demi-teinte. La raison est simple, c'est pour les (très) jeunes et pour mon malheur je ne le suis plus assez. Quoique même pour eux c'est probablement rasoir à bien des moments, le film se contentant dans les 45 premières minutes d'aller de clichés en clichés, en enchaînant des blagues qui non seulement tombent à plat, mais sont plus lourdes les unes que les autres. La faute à un début pataud et en fait fidèle à l'esprit des livres : un jeune héros (Zach Cooper) débarque dans une nouvelle ville, se fait aussi sec une petite amie et un ami (d'une façon WTF) et en deux jours de temps fout un bordel mémorable en libérant les créatures de l'écrivain R.L. Stine (son voisin), enfermées dans ses manuscrits. 

Alors l'idée de réunir toutes les créatures de l'écrivain est brillante, mais pas très bien exploitée et ce malgré l'énorme rush de monstre sur le lycée de la ville. L'intrigue ne commence en fait qu'au bout de 3 quarts d'heures, le temps de nous présenter tous les personnages stéréotypés du film et de poser les bases d'une histoire d'amour à l'eau de rose. On a donc le héros quasi-parfait, la copine mystérieuse, le sidekick insupportable, le vieux briscard, le père décédé, la mère et la tante à côté de la plaque (j'ai d'ailleurs pas trop compris le délire hippie du début) et surtout les flics inutiles qui sont au nombre incroyable de deux (un flic et une stagiaire qui doit tout à NCIS). Pour toute la petite ville, qui compte quand même un lycée et une patinoire. Non contents d'être caricaturaux, les protagonistes sont en plus desservies par une VF calamiteuse, les doubleurs devant s'être fait voler leurs âmes.

Après on retrouve effectivement les créatures les plus emblématiques des Chair de Poule, notamment le loup-garou et surtout le sale pantin Slappy (tu la sens la copie de Chucky là ?). D'ailleurs, les créatures sont plutôt bien fichues et d'une manière générale, les effets spéciaux sont réussis, surtout l'aspiration des monstres (j'hésite entre Ghostbuster et Inkheart).

Décidément c'est l'éclate dans le Maine !
Décidément c'est l'éclate dans le Maine !
Décidément c'est l'éclate dans le Maine !

Décidément c'est l'éclate dans le Maine !

L'ennui, c'est que malgré une intrigue qui tient finalement la route, un Jack Black cabotinant joyeusement et une OST sympa (signée Danny Elfman, faisant la part belle à la clarinette), le film s'adresse avant tout à un public enfant et pré-ado. Je dois avouer que les 45 premières minutes m'ont paru longues et difficilement supportables, en particulier l'humour poussif de Champ. Ensuite c'est plutôt plaisant, même si on serait clairement en droit d'en attendre plus, parce que finalement ça se résume à les méchants attaquent le lycée, les gentils ripostent, puis se tirent, c'est pas drôle, il y a une explosion, un final à la Jumanji, la 3D est cool, tout va très bien, c'est toujours pas drôle et une fin à la Chair de poule, pourquoi pas, même si c'est pas logique.

Bon clairement c'est pour les plus jeunes, mais même en prenant en compte cet aspect, l'humour est très terre-à-terre, pour ne pas dire enfantin et la construction narrative est assez inégale. Non vraiment, la réussite du film repose finalement sur Jack Black, qui s'en donne à coeur joie, les autres acteurs jouent bien, mais sont transparents de par leurs personnages. Certes le film joue pas mal sur ces clichés, mais ça ne suffit pas, il aurait mieux valu à ce moment-là tenter des trucs, plutôt que de se contenter de nous sortir des Mwarf, pourquoi appeler les flics, tu les as vus deux minutes ? En plus tant qu'à éviter de prendre des risques il aurait mieux valu éviter les incohérences, souvent découlant de moments complètement fantaisistes. Après, il y a quand même des passages sympas : c'est pas tous les jours qu'on voit une hippie affronter un caniche volant avec une écuelle.

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Chair de Poule : le Film du Mocking Crow est mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International. Et abonnez vous les moineaux.

La bande annonce qui vous veut du mal... même si elle est meilleure que la française

Publié dans le coffre à bobines, Films

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