Spotlight (Dieu es-tu là ?)
Des pointures sur un même pied d'égalité
Boston, tandis que des prêtres pédophiles assouvissent tranquillement leurs pulsions, le diocèse couvre les faits, supprime les preuves et fait régner la corruption, jusqu'au jour où le Boston Globe se penche sur l'affaire et charge l'équipe du Spotlight de rouvrir les dossiers... L'enquête va entraîner un véritable tollé au sein de l'Eglise Catholique et déclencher une vague de révélations dans le monde entier.
Basé sur des faits réels (comme souvent ces temps-ci), voilà un film qui a des burnes en adamantium. Sortir une production au casting 5 étoiles, sur les dessous, pour ne pas dire les cochonneries de l'Eglise Catholique, dans le pays où l'athéisme est considéré comme une malédiction, fallait l'assumer. Tom McCarthy l'a assumé. Mais bon, entre français disons le tout net, si ce Dieu à l'existence improbable venait à braquer sa lorgnette sur le peuple américain, il se rendrait aussitôt compte que 50% des croyants ne le sont pas, mais revendiquent l'être, sans doute par obligation envers leur nation.
Nul besoin de description hyperbolique, le film est sobre, direct et sait frapper là où ça fait mal sans sourciller. L'investigation journalistique est décrite, plus que mise en scène quitte à s'embourber dans le jargon juridique, sans pour autant perdre ses spectateurs. En outre, il est desservi par une bande-son tout aussi sobre (signée Howard Shore), quoique par moments complètement à côté de la plaque, la ritournelle de piano ne se mariant guère avec les dialogues tendus et les rebondissements.
Question casting, le réalisateur a fait fort en réquisitionnant pratiquement que des têtes d'affiche. Michael Keaton, Marc Ruffalo, Rachel McAdams, Stanley Tucci, John Slattery... autant de pointures efficaces, qui pourtant ne cherchent pas à se tirer la couverture, ce qui est assez rare pour le souligner dans ce genre de cas. Bref un film coup de poing, sincère, intelligent et retranscrivant aussi bien la perversion de l'institution la plus ancienne et malsaine de l'humanité, que les rouages corrompus de la politique et de la justice...
L'ennui avec la religion, c'est que dès qu'on y touche cela provoque du mécontentement et de la colère, curieusement ce ne fut pas le cas ici, c'est même plutôt l'inverse si j'en crois le nombre d'Oscars et les éloges des critiques. Ce qui est plutôt incroyable quand on y pense, puisque les adaptations des romans de Dan Brown, s'affichant comme étant des oeuvres fictionnelles ont provoqué la colère des croyants dans le monde entier, mais la dénonciation d'actes nauséabonds réelles de l'Eglise rencontre non seulement aucune résistance, mais aussi des ovations... Hourra ?!
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