Lunatica (un groupe bien versatile)

Publié le par Mocking Crow

Rarement un groupe n'aura aussi bien porté son nom

Rarement un groupe n'aura aussi bien porté son nom

Une fois n'est pas coutume ce n'est pas un album qui sera indexé ici, mais un groupe entier. Pourquoi ? Eh bien, malgré les critiques et la qualité de leur production on ne peut plus instable je les aime bien et si le groupe ne s'est pas dissout, le dernier album date de 2009 (sept ans, c'est pas rien) et aurait bien besoin d'un petit coup de fouet dans le derrière. 

Le pays du yodel, de la fondue et des yaourts...

...j'ai nommé la Suisse ! Lunatica nous vient donc de l'Arcadie européenne et si sa chanteuse ne maîtrise pas l'art du yodel, c'est peut-être parce qu'elle n'en a pas besoin. Andrea Dätwyler est une excellente chanteuse et c'est d'ailleurs elle qui apporte un réel plus-value au groupe. Si j'en croit une contribution hautement subjective de Wikipédia : Lunatica est en quelque sorte un mélange entre Sonata Arctica, Nightwish et Edenbridge, tout en ayant une interprétation très personnelle d'un power metal symphonique mélodique. Avec une production et un son qui sont très soignés, ils charment très rapidement le public. Pour charmer le public c'est sûr, ils y arrivent, mais pas forcément pour les raisons décrites précédemment. Le style de Lunatica est centré sur le métal symphonique mélodique, mais emprunte également beaucoup à la pop, ce qui par conséquent, donne une musique volontairement plus grand public que ses influences. Le problème c'est que ce n'est pas toujours le cas. 

Le regard résolument tourné vers l'avant, une lumière éblouissante... une bien belle équipe ?

Le regard résolument tourné vers l'avant, une lumière éblouissante... une bien belle équipe ?

L'ennui avec Lunatica c'est qu'on ne sait jamais vraiment à quoi s'attendre en terme de qualité, si des chansons sont très réussies, équilibrant parfaitement l'agressivité et la douceur, la pop et le métal ; d'autres n'y parviennent pas et se cantonnent à nous balancer des paroles niaiseuses sur une musique ultra-stéréotypée, pour ne pas dire commerciale (= cédons à la facilité, pourvu que ça se vende bien). Le résultat reste agréable, là n'est pas le problème et serait très bien accueilli auprès du grand public, le hic, c'est qu'on est dans le métal et si des expérimentations de ce genre vont plus loin (Amaranthet parviennent plus ou moins à coexister avec des branches plus extrêmes, la flamme ne prend malheureusement pas bien dans le cas présent. La faute à une instrumentation assez flemmarde et une belle voix bien trop sous-exploitée ; car si les compétences vocales de la chanteuse sont indéniables, force est de constater qu'elle ne se foule pas toujours la rate dans les compos (Who you are).

Formé en 2001, la discographie du groupe est constituée de 4 albums, un cinquième est actuellement en préparation. C'est peut-être peu, mais il y a bien longtemps que la quantité ne rime plus avec qualité et puis cela n'empêche pas Lunatica d'avoir une bonne cote de popularité (tout du moins si j'en crois Spirit of Metal qui a un peu trop tendance à laisser les internautes dire tout et n'importe quoi). Quatre albums et pourtant je me contenterai des deux derniers, les premiers ne m'ayant pas vraiment séduit, il faut dire aussi que je l'ai plus entendu qu'écouter réellement...

Le plus pop...

Le plus pop...

​Edge of Infinity

Bon je n'vais pas décrire chaque chanson, mais pour faire court l'album divise. Ayant un côté pop marqué, les plus "métalliques" rejette totalement la chose, les plus ouverts l'acceptent en partie et le grand public... l'accepterait quasiment à coup sûr (si j'en crois les tendances). Déjà, regardez donc la gueule de la tracklist, amour, sagesse, amour, pouvoir, sentiment, amour... Whooooa on se croirait dans un album de Brother Firetribe, la poésie à deux balles en plus. Les paroles c'est pas trop ça, mais et la musique, ça donne quoi ? Je dirais pas que le meilleur cotoie le pire, mais il y a des trucs étranges. On commence très bien avec Edge of Infinity (refrain efficace, à la mélodie accrocheuse et aux performances vocales honorables) et Sons of The Wind (jugé passable par les puristes, mais très agréable à mes oreilles, sans compter que l'instrumentation est franchement pas mal, bien que sucre-candy), puis arrive Who you are et oh ?! Attendez... mais c'est La Reine des Neiges avant l'heure. Un refrain à vous vriller la cervelle, des paroles mielleuses, des mélodies aguicheuses et un air de piano à deux balles, comme dans Let it Go ! C'est incroyable !! Et dire que cette chanson a été composée 7 ans avant le film, soit c'est une énorme coïncidence, soit Disney a abusivement pompé la chose sans rien dire à personne. Il y a quand même un gros truc en plus dans le cas présent : la performance vocale nettement supérieure à la "version" Disney.

The Frozen Moon

Après les titres s'enchaînent bien, certains sont totalement insipides, voire dans une autre nébuleuse question niaiserie : The Power of Love et Song for You. Mais il y a quand même quelques trouvailles notamment Together, plus épique, mêlant bruits d'épées et riffs accrocheurs. De même Words Unleashed, plus travaillé donne enfin le sentiment de ne pas être pris pour un con. Le titre le plus intéressant reste toutefois EmOcean, qui malgré son jeu de mot ras des paquerettes mélange parfaitement la pop, le métal et la musique atmosphérique. Cette chanson bénéficie d'une seconde version avec le fondateur d'At Vance, Olivier Hartmann, venu pousser la gueulante.

Si vous ne l'avez toujours pas compris, c'est un album inégal où la pop prédomine beaucoup trop sur le métal. A la limite pourquoi pas, mais en ce cas les chansons résolument orienté head-banging n'ont rien à foutre ici. Malheureusement c'est un problème inhérent à Lunatica, puisqu'on retrouve cet aspect dans l'album suivant, dont le découpage laborieux témoigne d'un beau gâchis.

... et le plus abouti (ou presque)

... et le plus abouti (ou presque)

New Shores

Voilà un album qui s'annonçait prometteur d'entrée de jeu, avec sa pochette attrayante laissant planer mystère et rêve à la fois, dommage que le résultat soit toujours en demi-teinte. Après un premier titre très calibré (New Shores), dôté d'une voix puissante et d'une instrumentation tirée en quatre épingles, le groupe continue avec un deuxième titre tout aussi réussi (Two Dreamers) : un refrain accrocheur, des soli agréables et sans prétention et une dimension symphonique bien dosée. Loin de se cantonner aux chansons classiques, Lunatica tente même quelques innovations à travers My Hardest Walk, dont le refrain agressif tranche radicalement avec les couplets ; à l'inverse, The Chosen Ones contient un refrain mélodique et des couplets plus brutaux, dans une ambiance orientée Power Metal. Mais alors où est le problème ? Eh bien passées les premières chansons globalement réussies, le groupe retombe dans ses travers en enchaînant des chansons dégoulinantes de sucre, comme en témoignent Heart of a Lion et Winds of Heaven. Farewell my Love risquait le même sort, sans l'intervention de John Payne (ex membre d'Asia) qui sauve littéralement la ballade de la noyade.

 

C'est agaçant. L'album aurait pu être très bon, si le découpage avait été mieux fait (le manichéisme, ça passe ou ça casse de toute manière). La première partie est bardée de trouvailles et de bonnes idées, fichues par terre dans la seconde résolument plus pop et malencontreusement plus insipide. Maintenant à mes oreilles ça sonne bien, surtout un vendredi soir, quand on a rien à faire et rien à penser ; en revanche si vous recherchez de la musique plus complexe ce n'est certainement pas l'album, ni le groupe à écouter. Bon, j'espère maintenant que Lunatica ne réitéra pas les mêmes erreurs dans leur prochain album prévu pour cette année.

Licence Creative Commons
Lunatica imporium du Mocking Crow est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.

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