Le Garçon et la Bête (la vengeance de Moby Dick)

Publié le par Mocking Crow

Le Garçon et la Bête (la vengeance de Moby Dick)

Le digne héritier de Miyazaki

Comme dans beaucoup de films d'animation japonais, c'est l'histoire de deux personnages que tout oppose : un garçon solitaire et une Bête rustre mais tout aussi seule, vivant chacun dans un monde différent. Un jour le garçon se perd dans le monde des Bêtes et devient plus ou moins par la force le disciple de Kumatetsu, lequel lui attribue le nom de Kyuta. De cet événement fortuit naîtra une aventure dépassant l'entendement humain.

Après le très plan-plan Les souvenirs de Marnie l'an passé, il semblerait que le cinéma d'animation japonais ait trouvé un nouveau maître en la personne de Mamoru Hosoda (à qui l'on doit déjà les Les enfants loups et La Traversée du Temps) depuis la retraite d'Hayao Miyazaki. Pour faire court, ce film est une réussite ; d'un plot de départ assez simple, le récit se révèle finalement beaucoup plus subtil et profond tout au long de son développement. Joignant imaginaire et réel avec humour et action, sous le prisme de l'apprentissage et du passage à l'âge adulte, le film est plein de poésie, de références et de sensibilité. Après, comme toute chose, le film n'est pas parfait puisqu'il est doté d'une animation assez inégale (nettement moins fluide en affichant la foule de Shibuya) et d'une fin finalement assez WTF en substance : romance niaiseuse mal amenée, dialogues stupides en résultant et surtout une musique de foire au ramen balancée pendant une partie du combat... mouais bizarre. En outre l'univers dispose d'une mythologie très intéressante et pourtant le réalisateur (qui est aussi scénariste) n'a pas pris le temps de la développer ou tout simplement d'expliquer certaines facettes scénaristiques (la part de ténèbres des humains peut les transformer en créatures anthropomorphes ? What ?!).

Hormis ces aspects, qui ne sont finalement que des détails n'empêchant personne d'apprécier le spectacle, les personnages sont colorés, attachants (même si on n'échappe pas à la romance à deux sous), l'esthétique réussie (les dessins regorgent de couleur et d'animation et l'utilisation de l'ordinateur est le bienvenue dans certaines séquences) et la musique agréable (donnant à la première incursion dans le monde des Bêtes un petit air du Voyage de Chihiro). Bref un récit d'apprentissage aussi beau que réflexif, s'interrogeant sur les relations maître/élève, notre société et la place de la nature au sein de celle-ci. A présent reste à savoir comment le studio Ghibli (actuellement en pause ou "restructuration") saura faire face à celui qui peut décemment revendiquer le statut de maître du cinéma d'animation japonais...

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Le Garçon et la Bête du Mocking Crow est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.

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