Final Fantasy 14 : Dad of Light (Dernière fantaisie avant la retraite)

Publié le par Corbeau Moqueur

Final Fantasy 14 : Dad of Light (Dernière fantaisie avant la retraite)

Non il ne s'agit pas d'un jeu-vidéo... enfin si, mais en partie seulement, puisqu'il s'agit d'une série. Sortie sur Netflix le 1er septembre, il s'agit plus précisément d'une série familiale, évidemment japonaise alternant prises de vue réelles et phases de jeu avec le moteur graphique de Final Fantasy 14. Alors pourquoi je parle de ça aujourd'hui, le jour de la sortie de It et accessoirement 20 jours après sa mise en ligne sur la plateforme SVOD ? D'une part parce que je parle de ce que je veux, quand je veux, d'autre part parce que cela fait longtemps que je n'ai pas parlé d'une série et enfin parce qu'on trouve pas grand chose à se mettre sous la dent en terme de retour sur cette série (si ce n'est quelques lignes ultra-subjectives par-ci, par-là sur des forums de nerd).

Le scénario tient sur une feuille de choux de Télérama : une charmante petite famille japonaise authentique (une mère boniche, un père rigide et un fils otaku) voit sa petite vie secouée un beau jour lorsque le padre décide sur un coup de tête de démissionner et prendre une pré-retraite sous les yeux beaucoup trop sensitifs du fiston. Mais ça tombe bien, puisque comme la communication entre eux se résumait surtout à du Bonjour, qui veut des nouilles, pantsu et bonne nuit ; il en profite donc pour renouer avec lui en lui offrant une PS4 Fat et le jeu FF14, histoire de pouvoir parcourir un jeu avec lui sous les traits d'un avatar aliésé (parce qu'au cas où vus l'ignoriez FF14 est un MMO). 

Voilà, on est bien au Japon hein ? Parce que qui serait assez barge pour tenter un truc pareil en Occident, surtout quand il s'agit de renouer avec son père. Alors oui, comme c'est au Japon, votre père est capable de vous faire la gueule juste pour une histoire de de chausson mal rangé ou de sushi à l'omelette mal assaisonné, tout en vous laissant vous masturber comme un chat sur un boudin de porte au rythme des Wonder Girls, tandis qu'en France un simple fantasme sexuel vous satellise dans l'HP du docteur Gogol le plus proche. Il n'empêche que comme dans tout bon drama japonais qui se respecte l'expérience va marcher, puisque le père va accrocher tant est si bien qu'il ne va pratiquement plus décoller son fondement de la carpette du salon.

Quel drama ! On se croirait dans Le petit chef.

En terme de qualité, la série fait plutôt fort puisque les épisodes sont suffisamment longs pour développer tant les personnages que "l'intrigue" et assez court (25 minutes) pour que ce ne soit pas trop ridicule ou abscons. Les huit épisodes (+ le neuvième bonus inutile et tourné comme un podcast à la Natou japonaise) sont tous bien construits, quitte à suivre la même recette à chaque fois (flashback, plot de la journée, problème IRL au bureau, comment résoudre la totale et tout est bien qui finit bien) et contenir au moins un épisode qui ne sert strictement à rien (spoiler : le quatrième : fin du spoiler). D'ailleurs en parlant de vacuité exagéré, certaines actions et événement dramatiques suivent un peu la même : Oh là là, vite, courons avec une musique épique pour que aller sauver mon père, sinon il va mourir ! Dramatique n'est-il pas ? Sauf qu'on est dans un jeu en ligne et que la mort dans le jeu ne signifie rien d'autre qu'un simple respawn. 

Malgré tout les personnages sont attachants, bien développés et si on met de côté la japanese touch la plupart des situations sonnent vraiment vraies (disons que beaucoup de joueurs ont dû vivre certains événements au moins une fois). Les acteurs aussi sont bons, enfin plutôt cools parce que la qualité de leurs jeux est un peu perfectible. Je ne sais pas si c'est dû au jeu global des japonais dans les films récents, mais à mon sens les trois quarts des acteurs cabotinent joyeusement dès qu'on leur demande de jouer la carte de l'émotion. Alors ça y va à mouliner des bras, rouler des yeux et sourire comme des touristes nippons à Paris, d'un autre côté le Japon est représenté tel qu'il est, donc évidemment c'est toujours WTF pour les occidentaux. On ne m'enlèvera pas que les japonais savent aussi jouer la carte de la retenue (ils sont même réputés pour ça dans le théâtre) et il y a deux pimbêches qui ne semblent même pas connaître l'existence de ce mot, pas plus que celle du naturel.

Je l'admets, j'ai beaucoup aimé cette série qui finalement aborde graduellement une situation plutôt dramatique. Au final, même si la fin est très convenue les huit épisodes passent comme un colis Fedex et l'ensemble aurait pu très facilement être adapté en manga (si ce n'est pas déjà fait), non à cause de la thématique (on peut tout faire en manga), mais surtout à cause des choix de mise en scène et j'irai jusqu'à dire de casting. La série compte de nombreux passages où les pensées du personnage principal sont narrées par l'acteur et manifestés par des expressions faciales (d'ailleurs Yûdai Chiba a clairement un faciès de manga... et il le rend bien, surtout lorsqu'il joue la carte de la surprise), ce qu'en tant normal l'image en mouvement évite de faire, soit en obligeant les acteurs à dire ce qui leur passent par la tête ou à lire à haute voix (méthode américaine), soit à le suggérer (méthode des bons cinéastes). Là, on a l'acteur qui rumine sous la coupe de toutes les émotions qui lui est possible de faire (c'est à dire beaucoup sauf la colère, l'acteur ne sait pas s'énerver).

Les phases dans le jeu quant à elles sont étrangement aliésées (vous savez les saccades linéaires qui se forment sur les objets lointains ou les éléments circulaires du décor) et aléatoirement saccadées, mais mises à part ça, sont un bons moyens pour faire passer quelques coups de gueule dont les acteurs semblent incapables de faire l'expérience. En effet, leurs avatars numériques se déplacent certes comme des robots et ont des têtes de chibi, mais font montre d'une meilleure justesse dans leurs capacités émotionnelles... quitte à voler la vedette des acteurs. Par contre, ça donne du rythme et accessoirement du poids au climax de la série et du jeu. 

Evidemment qui dit aussi Final Fantasy, dit OST de guedin et par conséquent bande-son de fifou pour la série. Donc rien à redire de ce côté-ci, il suffit juste d'aller écouter l'OST de FFXIV, pas besoin de rajouter quoi que ce soit, même pour gagner un paragraphe gratuit, ce qui m'amène à la conclusion qui est... de jeter un oeil à la série si vous avez Netflix parce que c'est divertissant et de regarder absolument si vous êtes tout simplement fan des FF. La messe est dite, bonne journée.

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