Beyond Skyline (S.F. pouët pouët)

Publié le par Corbeau Moqueur

Beyond Skyline (S.F. pouët pouët)

Il fait beau ces temps-ci. Très beau même et chaud aussi, alors pourquoi aller s'enfermer dans un cinéma étouffant sur-climatisé aux côtés de ploucs mal dégrossis, quand on peut tout simplement s'étendre sur l'herbe et à l'occasion, ne rien faire ? C'est précisément l'application de la réponse que j'ai respecté ces dernières semaines sur mon temps libre et puis d'ailleurs, pourquoi s'embêter à se précipiter dans les salles pour admirer la tronche violette de Josh Brolin quand on peut admirer chez soi des trucs comme Beyond Skyline ?

Même police de caractère, même teinte bleutée façon néon des années 90, Beyond Skyline fait suite au très insipide et botanique Skyline (que je n'ai pas vu), ou du moins se passe en même temps... ? De toute façon, cette suite personne ne la voulait et pourtant ils l'ont faite. Le premier était bien bas de plafond, il se révèle que celui-ci l'est encore plus mais où plus l'heure tourne, plus le film bascule dans un immense dépotoir décérébré voulant, il faut bien l'admettre, du mal à ses plus patients spectateurs. En un mot, le film est un nanar. Avec de chouettes effets spéciaux (du moins au début, les coupes budgétaires ayant massicoté une partie du tournage), mais un emballage et une finesse absolument catastrophique, où l'on en vient à se demander régulièrement ce qui nous pousse à avancer... L'histoire se résume par les étoiles bleues tombe du ciel (des aliens), un gentil flic droit et intègre (un peu porté sur la bibine évidemment), son fils, un vétéran aveugle et une conductrice de métro se retrouvent - fruit d'un scénario bidon - en plein Triangle d'Or où les aliens font office de Viêt contre les braves américains.

Un nanar est, dans le langage familier, un film tellement mal réalisé et ridicule qu'il en devient involontairement amusant et comique.
Par opposition au navet le nanar amuse par ses défauts tandis que le navet est simplement mauvais et ennuyeux. Par ailleurs, un vrai nanar est à 90% du temps involontaire, renforçant ainsi le caractère ridicule du projet ; ainsi Sharknado n'est pas un nanar, mais un film ridicule jouant sciemment avec les codes du nanar.

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Beyond Skyline oscille périodiquement entre le navet mal dégrossi et le copieux nanar mal monté, ce qui fait qu'il n'est jamais plaisant à regarder. Et pourtant... il y a de grands moments de cinéma à n'en point douter... On peut donc parler de la bombe atomique larguée sur LA., qui - image à l'appui - rase l'intégralité du paysage sur 10 km à la ronde alors que la fine équipe de bras cassés est piégé dans le métro, mais voilà que 5 minutes plus tard tout ce petit monde ressort et se retrouve à vadrouiller dans les charmantes banlieues hollywoodiennes merveilleusement intactes en tentant vainement de simuler le danger omniprésent. Puis arrivé dans le vaisseau alien, le peu de raison du film s'effiloche plus rapidement que la croissance du bébé hybride mal amené. Les effets spéciaux oscillent entre le correct et l'immonde, les aliens sont lourds et patauds dans leur costume mal fichus (pour l'anecdote, la partie faciale de l'antagoniste principale n'arrêtait pas de foutre le camp durant le tournage), les punchlines clichés, des dialogues aussi ridicules que téléphonés (portés par un vétéran SDF divaguant sur toutes les guerres dont seuls les américains n'ont pas honte d'être fiers) et un combat dantesque (enfin il essaie) entre le méchant alien bleu (et le seul d'ailleurs) et un gentil alien rouge (le héros du premier opus), dont le résultat navrant, lent et mal monté donne envie de se fracasser la tête avec un parpaing.

Vous ne parlez pas anglais, c'est pas grave la forme prime sur le fond dans ce genre de truc

La troisième partie fait monter le quotient nanar du film de 150%, puisque les héros (réduits à deux) se retrouvent sur une île du Pacifique et où la narration tente laborieusement de nous faire gober que contrairement à ce que le cycle jour/nuit tend à montrer, il s'est en fait déroulé plusieurs semaines, ce qui explique sans doute l'anarchie totale du pays gouverné par les milices et sans doute aussi que le reste du monde soit, une fois de plus, subjugué par la bravoure américaine au point de rester totalement inactif face aux envahisseurs. L'on bascule alors dans un Rambo-like où un combat dans la boue sonne le glas d'un dialogue pourri et où les acteurs semblent complètement ailleurs. Les punchlines s’enchaînent toujours, les personnages inutiles aussi (on notera quand même la présence étonnante de Callan Mulvey en scientifique halluciné) et on en arrive à la scène de l'armurerie.

Le personnage principal est interprété par Franck Gillo, il est épaulé de la charmante mais non moins plate (tant physiquement que dans son jeu d'acteur) Bojana Novakovic, ainsi que ce glandouilleur de Johnny Weston et c'est à peu près tout. On notera au passage que les premiers membres du casting à calancher sont comme par hasard noir et mexicain... Bref, ce que ce film nous apprend c'est qu'il ne faut jamais lâcher Franck Gillo dans une armurerie, puisque sans prévenir l'acteur se saisit d'une machette l'admire sous toutes les coutures (se fait d'ailleurs rembarrer par sa compagne avec une réplique, qu'on ne voyait bien sûr pas du tout venir...), puis se met à poser avec toutes les armes de la pièce. L'essentiel des visionneurs de ce truc auront sans doute retenu le moment où il singe Rambo avec un lance-roquette en grimaçant (souriant ?) vers Iko Uwais et la caméra.

Beyond Skyline (S.F. pouët pouët)
Beyond Skyline (S.F. pouët pouët)
Beyond Skyline (S.F. pouët pouët)

A partir de ce point le film s'affirme et bascule dans le n'importe quoi le plus total. En témoigne cet affrontement final où de simples lunettes de soleil permettent de contrer la lueur hypnotisante des aliens ! Au demeurant Beyond Skyline a montré qu'il ne faut pas s'attarder sur de menus détails pour tailler directement dans le lard, tant tout dans cette longue séquence est bancal. Le nombre variable de figurants, le ninja clochard de la jungle devenant subitement un personnage centrale de l'intrigue (et qui se fait tout aussi subitement écarteler), des aliens résistant à 150 balles de mitrailleuse qui se font savater à coups de couteaux par des asiatiques voltigeurs (car c'est bien connu tout ce qui est bridé est expert en arts martiaux) et des 9mm pouvant cracher 50 balles sans jamais avoir besoin de recharger.

Grand Dieu c'est magnifique ! On en prend plein les yeux et les oreilles, tandis que le bêtisier nous déboite sous le nez dès les premières secondes du générique. Vous pensiez que ça ne se faisait plus ? Ils l'ont fait, ce qui vient en plus confirmer que ce truc initialement sage comme un pape, a complètement changé de ligne directrice au fil du tournage et de la production (un peu comme l'incroyable Bulk), d'où l'étrange malaise dans lequel le film plonge le spectateur. Par respect pour la santé mentale de tout le monde, il serait maintenant sage de ne même pas effleurer l'idée de faire un troisième opus.

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