La Belle et la Bête (Si t'es moche, tu peux pas ken)
Il était une fois, un film d'animation qui a cartonné tant est si bien, que Yensid s'est décidé à en sortir un portage live feignant de son gros chapeau miteux. Du coup rebelote, il était une fois, un prince vipérin, ancêtre lointain de François Hollande qui taxait la commune de Villedieu les Poêles et organisait des bals cosmopolites interminables. C'est justement en plein milieu de l'une de ces orgies de mascara qu'une enchanteresse gênée par l'orage vint quémander l'asile. Comme ce grand saucisson n'a pas regardé Suicide Squad, il se fiche évidemment de sa peau fanée et se retrouve maudit en moins de deux par la bougresse. Traduction : il est métamorphosé en monstre poilu numérique, tandis que le reste de la maisonnée prend la forme du mobilier.
Quelques années plus tard, dans la commune de Villedieu les Poêles, plus personne ne semble en avoir rien à cirer du prince et de son château (mais où vont les impôts alors ?), en revanche l'intégralité du village passe son temps à étriller Belle, une rêveuse qui glande toute la sainte journée en chantant, pendant que son père invente des trucs et des bidules dans son coin. Un jour celui-ci se perd dans les bois en se rendant au marché en pleine nuit (de pleine lune évidement) et se réfugie chez l'ancien prince oublié par la commune d'Alzheimer, qui l'accueille indirectement... et le jette au cachot, lorsque le croulant essaie de piquer une rose dans les jardins. Averti par son cheval (sic), Belle se rend au château et prend sa place et la suite, tout le monde la connait. En à peine une semaine le château de Disney va se retrouver envahir par une foule de cinglés et Belle va tomber amoureuse de son ravisseur, le pouvoir de l'amour fera ensuite le reste.
Que retenir de ce film ? Pas grand chose en fait, puisqu'il s'agit ni plus, ni moins d'une photocopie (coûteuse) du film d'animation original. Donc c'est beau, c'est bien joué... en VO en tout cas... les musiques sont magnifiques (Alan Meken ne fait pas de la figuration, dieu merci) et les décors bien sympas. Ce portage s'inscrit donc dans la démarche de Disney d'adapter ses classiques de l'animation en prise de vue réelle, on a déjà eu droit au fruit de ce travail avec :
- Alice in Wonderland de Tim Burton, je l'ai vu et j'ai aimé
- Maleficient de Robert Stromberg, je l'ai vu et j'ai aimé la refonte effectuée.
- Cendrillon de Kenneth Branagh, je ne l'ai pas vu et je ne regrette rien (en revanche j'ai vu Into the Woods)
- Le livre de la Jungle de Jon Favreau, je l'ai vu et j'ai aimé.
Disney nous annonce aussi que l'intégralité de ses films d'animation vont subir le même sort (y compris Le Roi Lion (?), Dumbo (??) et la Petite Sirène (on a pas déjà Aquaman pour ça ?). Alors pourquoi pas après tout... tant que la démarche est bien faite... ce qui n'est pas le cas de la Belle et la Bête qui est une retranscription sans originalité aucune du film d'animation. Je déconne pas, les scènes de comédies musicales sont les mêmes au plan près (en tout cas la première l'est) et les dialogues ont tranquillement été ressortis des placards. Outre l'aspect très mercantile de la chose, cela soulève surtout un léger problème. Oh trois fois rien, si ce n'est que quoi qu'on en dise la version de 1991 est quand même assez cucul ; du coup en film ça devient super niais, les dialogues sont très explicatifs (les personnages nous disent constamment ce qui se passe à l'écran et nous déballent leur vie en chanson), les jeux de mots avec le mobilier sont complètements pourris et les gags sont très poussifs. Même pour un portage c'est quand même limite, je veux dire pour Le Livre de la Jungle ou Maléfique, il y avait du boulot, de la recherche, bref de l'innovation, là rien.
La seule originalité en fait provient du personnage de LeFou qui se trouve être homosexuel (et l'affiche sans ambiguïté), ce qui a engendré une polémique inutile, relayée par les médias, avec la même fascination que le goût des cartouches de la Nintendo Switch. Dans les faits, on s'en cogne d'une force et ça ne change rien au film : un honnête divertissement familiale à voir en famille, si votre progéniture n'a pas vu la version animée et en VO, surtout en VO. Parce que pour mon malheur, j'ai dû me coltiné la VF, qui est... comment dire... Excécrable ? Oui c'est ça, exécrable, insupportable, désastreuse, choisissez ce qui vous arrange, en tout cas n'allez surtout pas le voir en VF, c'est horrible.
Dès la première chanson, il y a un truc qui cloche. La synchronisation labiale est tellement dans les choux, que je me suis demandé s'ils avaient tout simplement pas pris l'OST de l'animé pour le greffer sur la séquence. D'ailleurs en parlant des chansons, on a droit à de la vrai comédie musicale... même en français, comme quoi c'est possible. A l'instar de la version de 1991, le timbre si particulier de Broadway est de la partie, il me semblait bien que les films d'animation de Mickey ne sont plus ce qu'ils étaient (#cétaitmieuxavant). Au demeurant je suis pas fan de leur structure, puisque les personnages vident leur sac en arpège devant le premier inconnu qui passe et en plus d'être con, ça casse le rythme. Mais pour en revenir au doublage, Emma Watson se retrouve attifée d'une voix ridiculement aigüe et Zip est insupportable. D'un autre côté, les figurants en font aussi des caisses à la première occasion et les acteurs forcent quand même pas mal le trait.
Mine de rien, le casting est quand même sacrément bon : Kevin Kline, Luke Evans, Erwan McGregor qui a réussi à venir entre deux injections, Ian McKellen, Emma Thompson, Josh Gad (Jack Black était trop cher) et j'ai cru voir aussi le front plissé d'Emma Watson, mais je suis pas sûr... Malgré tout ce beau casting, n'enlève rien à la trivialité de la magouille, d'autant que tout ça manque furieusement de drama et finalement la relation entre Plumette et le Chandelier est plus palpitante que celle des deux amoureux frigides. On est bien loin du conte original, ou de la version de Cocteau, voire celle de 1978 (signée Juraj Herz et la plus sombre qui soit), mais sans doute au-dessus de celle de 2014 (Vade retro Lea Sédoux !). Du coup je vais conclure cet article par des images trashs et gores, histoire de relever le niveau et surtout parce que je me suis pas mal emmerdé. En un sens je n'ai pas détesté, pour autant est-ce que je l'ai aimé ? Mé...