Raid Dingue (Les français sont sexistes... et c'est vrai aussi)

Publié le par Corbeau Moqueur

Raid Dingue (Les français sont sexistes... et c'est vrai aussi)

Johanna Pasquali est distraite, rêveuse, maladroite et malgré tout devenue miraculeusement policière grâce à Monsieur Hasard... à moins que ce ne soit par son père, le ministre de l'intérieur. Toujours est-il qu'après avoir essuyé un deuxième refus pour entrer dans le RAID (l'élite de la police ainsi qu'on nous le rabâche sans cesse), son pôpa va faire une nouvelle fois jouer les pistons auprès du grand manitou pour satisfaire le fantasme de sa fille. Après une magouille, celle-ci va se retrouver dans les pattes de l'agent Eugène Froissard dont la misogynie prééminente va être le ressort comique sur-exploité pendant 1h30 facile. Bien, c'est ainsi qu'après avoir montré que les français sont racistes, le cinéma de l'année 2017 ajoute le sexisme à l'addition en opposant les fières valeurs de la République au Gang des Léopards (?), des braqueurs drag-queen serbes (??) faisant office de scélérats du film.

Trois raisons de ne pas aller voir Raid Dingue de Dany Boon, trou spatio-temporel de Gigolo (attention le Figaro, qui a chié 3 articles venimeux sur le film, a seulement repris la formule des Inroks, après tout pourquoi être original quand on des branleurs ?), Prévisible mais pas amusant, Dany Boon s'éclate... Comme tous les films de l'humoriste, on ne peut pas dire que l'ensemble de la presse soit séduite par la sortie de ce film. J'ai moi-même du mal à trancher, Raid Dingue a quand même quelques situations bien sympas et une poignée de répliques bien senties, mais d'un autre côté l'ensemble se retrouve écraser par la surenchère de gags prévisibles et d'humour ras des pâquerettes.

Le genre de truc qui va faire criser les féministes irascibles

Au demeurant le cinquième long-métrage de l'humoriste est bien meilleur que l'épouvantable Bienvenue chez les Chtis dont les raisons du succès me sont toujours inconnues, ainsi que le désastreux et non moins affligeant Supercondriaque, mais est-ce que ça en fait un bon film pour autant ? Ben... euh... à vous de juger. Je dois avouer que si j'ai eu du mal à rentrer dedans et que je me suis souvent retrouvé à être le coincé qui sait pas sourire lorsque la salle était hilare, je me suis quand même bien marré dans l'ensemble.

Alors oui c'est drôle,  mais le fait que le principal ressort humoristique repose sur le sexisme n'est pas quelque chose de spécialement rassurant (après il faut savoir en rire aussi plutôt que de monter au créneau illico). Certes les hommes sont aussi caricaturés et un écriteau à la fin du film rend hommage à toutes ces femmes et tous ces hommes qui risquent leurs vies pour sauver notre joie de vivre ; mais il faut avouer que c'est un peu ledge de gruyère sur les spaghettis, surtout que loin de déconstruire tous les gros clichés machos, Boo-boon charge toujours plus la mule et paralyse toutes ses potentielles bonnes idées par une mise en scène prévisible.

Il faut quand même admettre que la réalisation est plutôt carrée. Pas originale, mais efficace pour ce qu'elle propose. Dany est décidément un ami (bien subventionné) qui vous veut du bien, puisqu'il a beaucoup louché sur la mise en scène des films d'action américains que ce soit avec des gun fight nerveuses (ou hystériques diront-certains), une bande-son mélangeant l'ambiance franchouillarde et l'instrumentation pompeuse hollywoodienne, ainsi que des plans beaucoup plus travaillés que ce à quoi le réalisateur nous avait habitué. Reste qu'à vouloir faire comme les autres, tout est prévisible et ça touche non seulement le développement du scénario et des personnages, mais aussi l'humour. Ainsi la fin est annoncée en grande pompe d'entrée et la chute du film elle-même (au sens propre et figuré) est à hurler tant la facilité est de mise.

Sans doute le geste préféré de l'acteur dans le film
Sans doute le geste préféré de l'acteur dans le film

Sans doute le geste préféré de l'acteur dans le film

Un peu à l'instar de Radin, Dany Boon s'est affranchi des grimaces et des gesticulations navrantes de Supercondriaque, pour les propager cette fois sur Alice Pol, qui roule des yeux en permanence et en fait des gigatonnes durant tout le film. Mais elle est plutôt bien entouré dans ce domaine, puisque si les cadors (Michel Blanc, François Levantal) sont plutôt dans la retenue (encore que...), Sabine Azéma rejoue un peu la carte de l'hystéro de Ma famille t'adore déjàtandis qu'Yvan Attal est en total roue libre en travesti serbe se faisant passer pour un alsacien (ça ne s'invente pas), ce qui nous vaut une petite incursion dans la gay pride, histoire d'en rajouter une louche sur l'homosexualité.

De toute façon qu'on aime ou qu'on aime pas ce film sur-annoncé depuis 3 mois, l'humoriste a ses fans et le public en lui-même ne semble pas se lasser de sa personne, à tel point qu'un quelconque échec est inenvisageable, n'en déplaise aux critiques. Dans les faits et en dépit de gags éculés et/ou à la limite du supportable, c'est plutôt marrant et ça aurait pu l'être davantage si les rôles avaient été inversés (ce qui aurait en plus rabattu le caquet des féministes primitifs(-ves)) ; malgré tout on en ressort sans avoir l'impression de s'être fait enculé (ou entubé, pour les sensibles) et rien que ça, c'est plutôt pas mal.

50 nuances de Boon

50 nuances de Boon

Publié dans le coffre à bobines, Films

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D
bon oui, ce n'est pas le film ni de l'année, ni de Dany Boon, et le ressort comique est usé mais pour rire on a quoi en ce moment? J'ai beaucoup aimé Alice Pol qui m'a bien fait rigolé
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C
Eh bien à partir d'aujourd'hui on a 50 nuances plus sombres, ça c'est que j'appelle une comédie... peut-être même une comédie horrifique à en juger par le sérieux de la chose.
B
Désolé pour le double post, mais je crois que je ne suis plus prêt d'accorder de crédit au Figaro pour quoi que ce soit maintenant. Leur technique pour démolir le film avec leur revue de presse est juste à vomir : c'est juste une compilation de toutes les critiques négatives de d'autres journaux pour appuyer leurs propos. Lamentable.
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C
Le jour où le Figaro fera quelque chose qui ne donne pas la nausée et/ou les mains sales, n'est pas près d'arriver de toute façon. Je risque pas d'accorder de crédit à ces ahuris pour quoi que ce soit, surtout dans le cinéma, mais il se trouve que ces fanas du pute à click apparaissent en premier dans les résultats de la plupart des moteurs de recherche (avec Télérama, dont la cohérence de leurs propos dans le 7ème art est juste débilitante). Donc oui, je suis d'accord avec toi c'est lamentable, totalement puéril et absolument pas pro, quelque que soit le film visé.
B
J'avais peur avant de voir ce film. Au final c'est pas trop mal et le côté macho/sexiste est en fait une énorme caricature, Johanna est même un cas dans le milieu féminin et c'est ce que Dany Boon n'arrête pas de montrer, mais ça les critiques s'en foutent totalement.
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