Personal Shopper (Krikri fait confiance aux inconnus)

Publié le par Corbeau Moqueur

Personal Shopper (Krikri fait confiance aux inconnus)

Alors, c'est une américaine à Paris, qui est médium et qui est en charge de la garde-robe d'une célébrité superficielle. Son travail elle ne l'aime pas et sa vie non plus d'ailleurs, puisque son frère jumeau, Lewis, est mort 3 mois plus tôt dans notre capitale grise et terne. Mais plutôt que de partir pour retrouver son petit-ami, elle préfère rester à se morfondre pour attendre un signe de l'esprit de son frère. Sa patience finit par payer lorsque suite à une rencontre ectoplasmique, son portable devient le réceptacle d'SMS anonymes franchement douteux...

Etrange métrage que ce Personal Shopper. Sortie chez nous dans le plus grand silence la semaine dernière et accueillie avec une indifférence du même acabit, on peut d'ores et déjà parler d'un flop à moindre échelle. Ce film n'a pas grand chose pour lui, il est bien filmé et possède une mise en scène soignée certes, mais son scénario rebâché ne vaut pas grand chose et l'ensemble se traîne sur la longueur. A mon sens c'est surtout un film qui veut se donner un genre avec pas grand chose. Dans une certaine mesure c'est réussit, le rythme lourdaud, l'absence quasi-totale de bande-son (si ce n'est de temps en temps des Sarabandes baroques à la viole de gambe) et le sur-place de l'intrigue ont quelque chose de captivant, même si c'est pas dans le bon sens du terme.

Honnêtement, je vois pas ce qu'Assayas a cherché à faire avec ce film... et il semblerait que les critiques non plus d'ailleurs puisque tout le monde semble s'être enflammé pour un truc intellectuel et/ou abstrait complètement différent. Sans compter que s'il avait voulu faire passer véritablement des émotions (le malaise ! le malaise !), il n'aurait pas dû prendre Kristen Stewart qui ne convainc pour ainsi dire jamais durant tout le film. C'est dingue, normalement il y a bien un moment où l'expression devrait passer, mais elle non ! Elle est toujours à côté avec son visage impavide, ses froncements de sourcils infinis et sa manie de se recoiffer sur chaque plan.

De toute façon, la direction d'acteur de ce film n'est pas bonne, clairement. Les acteurs peinent tous à convaincre dans des rôles qui misent sur la présence plus que sur la parole et quand cette dernière se manifeste, les têtes d'affiches sortent leur accent franglais de circonstance et tentent de prononcer les 3 pauvres lignes de textes qui leurs sont échus. Non franchement, je veux bien être indulgent mais là ça passe pas dès le premier dialogue.  

Do you no were iz ze goste ? France + anglais = premier contact semble-t-il.

C'est aussi le genre de film qui s'accorde avec le temps de ces derniers jours : la lumière est froide, les couleurs sont ternes et l'éclairage est jaune pisse ; des composants glacials qu'on retrouve dans beaucoup de thriller français, à croire que les réalisateurs camembert ont des problèmes vis-à-vis de l'image du pays. Après tout ça (à part l'acting) va de pair avec le cadre intimiste de l'intrigue, sauf que la mayonnaise ne prend pas. L'ensemble manque cruellement de dynamisme et tout simplement d'intérêt, puisqu'on passe l'essentiel du film à regarder un échange par texto type 50 nuance de Grey avec des on fait un jeu ? Non j'aime pas les jeux. Par quoi es-tu troublé ? Les films d'horreur. La peur donc. Non le désir. 

C'est long, c'est chiant, la révélation principale est prévisible car se voulant secondaire et la fin est en queue de poisson (auquel il manque la tête). Au lieu de se centrer sur Krikri s'amuse en scooter ou Krikri fait du shopping avec la grâce d'un pigeon, Assayas aurait dû soigner le reste du film et se soucier des spectateurs, parce que quand la lumière revient dans la salle c'est avant tout un sentiment de déception qui se propage dans toute sa longueur. En même temps ça partait pas très bien : du spiritisme dans le monde de la mode (la thématique de l'année apparemment), j'ai connu plus engageant.

Publié dans Films, le coffre à bobines

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