La saga Leviathan (une saga steampunk qui mérite le coup d'oeil)

Publié le par Mocking Crow

La saga Leviathan (une saga steampunk qui mérite le coup d'oeil)

Du Steampunk pour la jeunesse

Et si le monde tel que nous l'avions toujours connu avait été différent ? En 1914, l'archiduc François Ferdinand d'Autriche est assassiné, mettant en branle l'une des guerres les plus terribles du monde. La suite tout le monde la connait, en théorie... Dans Leviathan, le monde tel que nous l'avons connu à la fin du XIXème siècle, a pris un virage différent. Les technologies développées divergent totalement de notre monde. Dans cette uchronie, les clankers (allemands, autro-hongrois et ottomans) s'opposent aux darwinistes (français, anglais et russes). D'un côté des machines, de l'autre des êtres vivants génétiquement croisés. Au milieu de cette lutte sanglante, Alek fils du défunt archiduc, doit fuir son propre pays, tandis qu'en Angleterre, Deryn Sharp, jeune écossaise se déguise en garçon pour rejoindre l'Air Service. Deux personnages que tout oppose au destin pourtant entrecroisé...
 
La Première Guerre Mondiale sous l'égide du steampunk, alléchant n'est-il pas ? A vous de juger, la saga Leviathan (divisé en 3 tomes: Leviathan, Behemoth et Goliath) prend place dans un univers particulièrement soigné. Les créations des darwinistes sont très bien détaillées, de même que les machines clankers et les différents livres se payent même le luxe d'avoir des illustrations d'excellentes qualités, mais... Il y a un mais. La saga est référencée dans Le guide Steampunk et La Bible Steampunk et citée de manière dithyrambique: une superbe épopée, des personnages attachants et un récit sans temps mort.
Ah oui ? Etrange je n'ai rien vu de tel dans cette saga. Si le récit possède bien un fil conducteur, la déception et l'ennui sont venus poindre le bout de leurs becs bien trop rapidement à mon goût. Le premier tome est assez statique, si les personnages parcourent de longues distances et font face à bien des péripéties, le scénario met beaucoup trop de temps à décoller. Les deux héros insupportables finissent par se rencontrer à plus de la moitié du bouquin, tandis que la situation, bien que généreuse en action, reste beaucoup trop figer. C'est là tout le problème de Leviathan, la plupart des lecteurs ont adoré ce premier tome, à juste titre, le livre est de bonne qualité et l'histoire plaisante à lire, mais voilà, c'est trop long ! Or s'ennuyer dans un livre d'un peu plus de 300 pages n'est pas toujours bon signe. 
A vouloir créer un univers particulier, l'auteur aurait peut-être dû éviter de multiplier les descriptions et développer davantage ses personnages, surtout la jeune Deryn, dont son éducation assez masculine est répétée à tire-larigot durant tout le bouquin. Oui c'est important, et oui ça justifie certaines choses, mais nulle besoin de le mentionner dans tous les chapitres !
Un univers particulièrement travaillé
Un univers particulièrement travaillé

Un univers particulièrement travaillé

Un découpage agaçant et des héros insupportables

Chaque chapitre passe d'un narrateur interne à l'autre, de façon à changer de point de vue et voir la situation à travers deux héros totalement différents. L'ennui c'est que ce découpage coupe l'action à maintes reprises façon: La jeune aspirante allait s'écraser au sol si l'astronef ne se redressait pas eeeeeetttt Alek se leva de bon matin et mangea avec enthousiasme son déjeuner, la journée s'annonçait sous les meilleurs auspices. 
Si cela ne durait qu'un chapitre, la pilule passerait encore, malheureusement chaque personnage écope de plusieurs chapitres d'affilés avant de passer à l'autre. Très agaçant par moment, le découpage donne la facheuse impression d'avoir été fait sans aucune relecture de l'auteur.
 
Quant aux héros ils sont juste imbouffables, passe encore pour le prînce Alek, fils de l'archiduc, son éducation dans les hautes sphères lui a trop souvent donné tout les pouvoirs, de sorte que sa manie de considérer les soldats ou les passants comme une sous-race puisse se défendre. Ce personnage est d'ailleurs bien développé et changera peu à peu de mentalité.
Par contre le personnage de Deryn Sharp est juste insupportable, en tant que garçon manqué elle... Non ce n'est pas un garçon manqué, pas du tout même, c'est juste une fille qui se déguise en garçon et essaie d'imiter les garçons. Du coup on se retrouve avec un personnage qu'on a envie de balancer par dessus bord à chaque fois que sa bouche s'ouvre. Mesdames si vous ne le savez pas, un garçon passe son temps à balancer des boutades, pousser des jurons et insulter à la première occasion son égal. Un portrait très réaliste des jeunes soldats de l'Air Service. 
Evidement Alek va découvrir le pot aux roses (il va mettre le temps ceci-dit) et tout deux vont tomber amoureux l'un de l'autre (comme c'est original).
 
En tant que roman steampunk digne de ce nom, des personnages historiques interviennent régulièrement dans la saga, que ce soit Winston Churchill, la petite fille de Darwin, Nikola Tesla et bien d'autres, tous ont un rôle plus ou moins important. Un bon point donc, puisque la plupart des oeuvres de ce genre littéraire ont bien souvent tendance à faire des caméos avec les personnages historiques plus que de leurs donner de véritables rôles. On trouve même un clin d'oeil à Thomas Hobbes, l'auteur du très ronflant Leviathan, en la personne du commandant Hobbes, maître de l'astronef éponyme, sorte de grosse baleine volante dont on vante la force et la robustesse à sa première apparition, pour au final se faire déglinguer par quatre pauvres éclaireurs allemands.
 
Pour résumé, si cette saga m'a déçu, beaucoup l'ont adoré. L'univers et le contexte sont là, il manque juste ce petit quelque chose qui en ferait une excellente saga. Ceci étant si l'on excepte certains aspects et les grosses ficelles scénaristiques, la saga mérite qu'on se penche dessus. L'écriture est dynamique et la traduction de bonne qualité, les adolescents désireux de changer d'air pourront y trouver leur compte. 
 

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