Imaginaerum (Nightwish, 7ème album)

Publié le par Mocking Crow

Aux origines du film...

Aux origines du film...

  • Date de sortie: 2 décembre 2011
  • Groupe: Nightwish
  • Album; Imaginaerum
  • Style: Metal Symphonique

Petit point pour les newbies

Pour Nightwish, tout a commencé autour d'un feu de camp. Un soir de juillet 1996, Tuomas Holopainen, futur fondateur du groupe, lance l'idée de créer un projet pas comme les autres: des instruments acoustiques mis au service d'une musique d'ambiance atmsophérique. Finalement en s'entourant des bonnes personnes (Emppu Vuorinen à la guitare, Jukka Nevalainen à la batterie, Sami Vanska à la basse et Tarja Turunen au chant), le groupe s'oriente vers une musique aux sonorités plus lourdes et collant davantage à la voix de leur chanteuse. Leur premier album pose les bases de leur style et donne un nom au groupe: Nightwish.
Les années passent, les albums aussi, la musique évolue et la réputation du groupe augmente. Mais voilà, en 2005 c'est le drame: Suite à des divergences toujours plus nombreuses, Tarja Turunen, la chanteuse adorée des fans est évincée du groupe à coups de lettres ouvertes et de querelles de bac à sable. Soyez rassurés, elle mène tranquillement sa barque à présent et son nombre de fans ne cessent d'augmenter. En revanche, mai 2007 voit arriver la nouvelle chanteuse: Anette Olzon, qui a déjà une petite carrière avec le groupe Alyson Avenue. Quelques mois plus tard sort l'album de transition Dark Passion Play. Un chef d'oeuvre pour certains, un album hautement prétentieux pour d'autres; l'album a en fait été assez mal accueilli par les fans de Tarja qui ne voient en la nouvelle chanteuse qu'un sous-Nightwish commercial. Si je devais résumer mon point de vue sur cet album: en majorité de bonnes chansons, l'arrivée d'un côté un peu plus folk avec les interventions de Troy Donockley, mais des chansons trop pop (Eva, Amaranth) ou mal adaptées à la voix de la nouvelle chanteuse. Mais malgré l'absence de Tarja, le style de Nightwish est toujours là, il manque juste un bon gros album pour redorer parfaitement le blason...
Choose your singer ! Tarja Turunen VS Anette OlzonChoose your singer ! Tarja Turunen VS Anette Olzon

Choose your singer ! Tarja Turunen VS Anette Olzon

Imaginaerum, ou la réalisation d'un rêve

En 2011 sort Imaginaerum et l'annonce du film dont la sortie est prévue en 2012. La particularité d'Imaginaerum est qu'il s'agit d'un album concept racontant l'histoire d'un homme âgé croyant encore être un jeune garçon. En fait la trame est la même que celle du film du même nom, en moins développée cela va de soi (toute l'intrigue avec sa fille part à la corbeille). L'enfance perdue, le thème de l'innocence sont bien sûr des thèmes chers à Nightwish (enfin surtout à Tuomas Holopainen) et cette album en est en quelque sorte la consécration, bien loin devant Wishmaster ou Century Child. C'est d'ailleurs peut-être la raison de ce virage un peu  mielleux dans la carrière du groupe: très grandiloquent et très symphonique, les compositions de l'album ont tendance à "oublier" le côté métal du groupe, de sorte qu'on se retrouve devant un album très symphonique. Mais mieux ne vaut pas bouder cet album, car celui-ci est bon, très bon même, ne serait-ce déjà que par la voix beaucoup plus travaillée d'Anette Olzon, les compositions étant cette fois été écrites dans l'optique d'être chantée par celle-ci (à la différence de Dark Passion Play). L'album offre un bon moment de dépaysement: tantôt féerique, tantôt sombre et maléfique, voire calme et reposé, Imaginaerum nous transporte dans un monde onirique et envoûtant par ses compositions dynamiques et très bien dosées.

Un voyage dépaysant

 L'album débute au rythme d'un mécanisme de boîte à musique. La musique démarre et la voix de Marco Hietala (nouveau bassiste depuis 2001) nous plonge d'ors et déjà dans l'univers si particulier d'Imaginaerum. Chanté en finlandais, l'orchestre se joint progressivement aux paroles du bassiste, s'en dégage alors une atmosphère féerique et mélancolique, maginifiée par la cornemuse irlandaise de Troy Donockley.
Voilà Pépé vient de s'endormir paisiblement dans sa maison en proie au tourment de l'hiver et redevient le petit garçon qu'il a toujours voulu rester.
Puis vient le premier single Storytime, dont les premières notes rappellent irrésistiblement The Escapist (morceau peu connu du groupe, car faisant parti de la galette du single Bye, bye, beautiful de l'album précédent), mais la ressemblance s'arrête là, la chanson est entraînante, le refrain rentre rapidement dans la tête (normal pour un single), le pont symphonique plus que sympathique et les choeurs d'enfants très agréables. Une bien belle entrée en matière.

S'ensuit Ghost River, premier duo et un des morceaux les plus métal avec Scaretale et Last Ride of the Day. Chanson plus dédié au bassiste qui a son propre couplet, mène les refrains et rejoint Anette juste avant ceux-ci (pré-chorus). L'ambiance est plus sombre, quasi-cauchemardesque et la musique plus lourde. La rythmique est décousue mais le final est grandiose. La rivière fantôme n'est cependant pas présente dans le film (trop difficile à réaliser peut-être ?), même si la musique est vaguement reprise dans un passage (Deeper down, dans la B.O.). Incursion dans le monde du jazz maintenant avec Slow Love Slow. Dans un piano-bar enfumé Anette montre qu'elle en a revendre, sa voix est langoureuse, chaude et agréable. Il en va de même pour Marco, tout en retenu sur les refrains, ainsi qu'Emppu, dont le solo de guitare est bien plus ancré dans le monde jazzy que celui du rock. Ce moment est magnifié dans le film et monté comme un clip.
​C'est donc après avoir descendu deux, trois shooters que Papy decide d'aller danser la gigue avec Alice, le Lièvre de Mars et le Chapelier Fou (dîtes, z'êtes sûr du contenu des verres ?). I Want my Tears back, morceau le plus folk de l'album et second duo fait une arrivée fracassante dans nos oreilles : un refrain très efficace et des couplets entraînants. Emppu sort de sa léthargie et décide de nous montrer ses compétences à la guitare dans un fantastique duo avec Troy. Classique mais efficace.

Bon, Papy n'a pas dégrisé et décide d'aller voir l'étrange chapiteau non loin du belvédère en compagnie du Chapelier et d'Alice. C'est drôle ça les inscriptions : Imaginar… non Imaginaeri...Ah Imaginaerum c'est ça, ça vend du rêve, vous savez si le docteur Parnassius peut me recevoir ? Entrainé donc par ses nouveaux amis (sic), Pépé pénètre dans l'antre de la folie.
Scaretale, plus lourd, plus sombre, nous voici entraîné dans une ambiance Burtonesque grâce à ses chœurs mystérieux et son atmosphère étrange. Si le début est épique, le milieu est fantasmagorique ; on traverse tranquillement un cirque complètement déjanté en train de fêter Halloween. Anette prouve là encore qu'elle a largement sa place au sein du groupe : sa voix est méconnaissable et franchement maléfique, la chorégraphie du film immortalise l'instant.

 
Euh... Blanche Neige ? Eeeeett... Chapelier ? Vous êtes sûr que ça va ?Euh... Blanche Neige ? Eeeeett... Chapelier ? Vous êtes sûr que ça va ?

Euh... Blanche Neige ? Eeeeett... Chapelier ? Vous êtes sûr que ça va ?

Pépé parvient vaille que vaille à s'échapper pour arriver au beau milieu d'une ville délicieusement exotique, dans laquelle défile une bien étrange procession : Arabesque, morceau instrumental aux sonorité arabisantes, sorte d'interlude (très agréable soit dit en passant) avant d'entamer la seconde partie de l'album. Partie qui démarre avec Turn Loose the Mermaids, une ballade aux paroles étranges et aux consonances celtiques. Le pont instrumental rappel implacablement les musiques d'Ennio Morricone. Superbe composition au refrain enchanteur.
Mais c'est après cette accalmie qu'arrive Rest Calm, lancée par une instrumentation dynamique et la voix de Marco, très heavy. La voix d'Anette, plus tranquille intervient sur le refrain, auquel vent s'ajouter progressivement un chœur d'enfant et tout l'orchestre au fil de la musique. Morceau colossal, à la rythmique lourde en compétition avec une partition symphonique de haute volée. Un bon point que je tiens à souligner ici est que le groupe a bien corrigé les erreurs de l'album précédant en évitant qu'Anette entre en compétition directe avec la voix puissante et heavy de Marco, en conséquence l'écoute n'en est que plus agréable.

Retour à un passage plus calme avec l'énigmatique single The crowl, the owl and the dove rappelant The Islander de Dark Passion Play, la musique conserve toujours une dimension folk et celtique et donne la part belle aux instruments acoustiques. Un bien beau duo, réinterprété dans le film (à l'instar de la ballade précédente). Bien maintenant que Papy a bien voyagé, il a quand même quelques pincements au cœur et décide de rentrer, mais pas de manière tranquillou hein ? Non, on va plutôt faire un tour de rollercoaster, c'est plus amusant… 
- Papy, hem, le coeur, tu es sûr que ça va all… ?
- Rien à foutre, j'ai toujours rêver de faire ça ! Banzaï !!
Last Ride of the Day, qui aurait pu être un single aussi et pourtant non. La mélodie est délicieuse, le refrain mémorable dès la première écoute, entêtant et ultra-dynamique. Voici le dernier titre bien heavy de l'album, tellement réussi que le groupe le joue souvent à la fin de chacune de leur prestation scénique.

 

Bon, après ce trip aux acides, Papy sort de son imaginaire et se met à baragouiner un discours plus long que mon bras sur la cruauté de la réalité et en même temps, eh bien, ça a son charme quand même, surtout lorsqu'on a de la drogue sous la main. Allez vieillard, double ration de schnouff pour toi, tu vas voir c'est de la bonne.
C'est ainsi que l'on pourrait résumé l'énooooorme Song of Myself. Il est coutume pour Nightwish depuis Century Child de faire un morceau plus conséquent que les autres (au moins 10 minutes), c'est la cas ici, la chanson atteignant les 13 minutes bien tapées.

Vous l'aurez peut-être reconnu si vous avez vu le film, il s'agit en fait de la chanson autour de laquelle tourne l’intrigue de celui-ci, d'où sa longueur. Divisée en 4 parties par le groupe et par 2 pour la plupart du commun des mortels, les 7 premières minutes sont diablement efficaces : orchestration grandiose, refrain efficace et assez heavy, Anette est tantôt puissante et tantôt calme. Non vraiment belle objet. Puis vient la seconde partie : l'ambiance se calme, le texte n'est plus chanté mais narré par des proches des membres de Nightwish à tour de rôle, l'orchestration se met en place progressivement pour au final se conclure dans un silence reposé, ponctué par les dernières paroles du protagoniste : From G to E minor.Moins renversant que The Poet and the Pendulum dans Dark Passion Play (qui atteignait les 14 minutes et des brouettes) ou que Ghos Love Score de Once (10 minutes), la Song of Myself est très agréable et constitue une pièce très intéressante dans l'Oeuvre de Nightwish. En outre il s'agit d'un hommage au poème épique Song of Myself de Walt Whitman, d'où le fait que vieux se nomme Tom Whitman dans le film. Ceci étant heureusement que la chanson traite également de la fille du protagoniste dans le film, sinon pas sûr qu'elle aurait apprécié le monologue de son père à sa sortie du coma…
 

- Oh papa je viens de braver la tempête pour empêcher les médecins de te débrancher et te revoir une dernière fois, s'il te plaît dis moi que tout ce que j'ai lu est vrai.

- Je vois un mendiant innocent et naïf dans une rue fréquentée… je passe mon chemin en feignant l'ignorance…

- Quoi ? Papa tu dis ?

- Une mère rend visite à son fils et lui sourit à travers les barreaux, elle ne l'a jamais autant aimé.

- Hein ? Mais…

- Une fille obèse entre avec moi dans l'ascenseur…

- Papa je ne comprends rien, ne me dis pas que…

- Habillée particulièrement, un papillon vert en lieu et place de cravate…

- Enfoiré ! Tu ne m'as jamais aimé, jusqu'au bout tu…

- Son terrible parfum m'étourdit, elle s'en va dîner seule et cela la rend encore plus magnifique…

- LA FERME !

- La mort sort victorieuse de toutes les guerres…

- LA FERME, LA FERME, tu vas crever oui ?!!

- Et il subsiste pour toujours ce changement de sol à mi mineur…

- C'est ça, tu vas changer toi aussi, d'un lit à un cercueil ça te dis ?!

 

Une conclusion pour la route

Imaginaerum est quasiment mon album préféré de Nightwish ou en tout cas mon album préféré avec Anette Olzon, ce qui n'est pas difficile puisqu'elle n'a fait que deux albums avant de quitter le groupe pour des raisons peu connues (apparement s'occuper de ses deux enfants). Comme Tarja elle mène depuis une carrière en solo efficace. Elle a été remplacés par Floor Jansen, qui présente tout les avantages de Tarja et d'Anette dans sa voix, avec en outre son identité propre, bref la voix qu'il faut à Nightwish. Paradoxalement elle était membre d'After Forever un groupe rival de Nightwish avant sa dissolution. 
Enfin , si vous voulez faire une incursion dans le métal symphonique tranquillement cet album est pour vous. Allez-y, foncez !
 

L'un des clips les mieux fichus de leur carrière et pourtant fait quasiment à l'arrache.

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